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LA
CONJURATION DE CATILINA

I
LES PRÉLIMINAIRES DE LA CONJURATION

On ne dira pas que je cherche la nouveauté ; il n’y a pas de sujet, dans l’histoire ancienne, dont on se soit plus occupé que de la conjuration de Catilina, et qui semble plus rebattu. On en a beaucoup usé, comme de tous les souvenirs de la république romaine, du temps de notre révolution ; Mirabeau trouvait même parfois qu’on en abusait[1]. Mais ce n’est pas une raison de n’y pas revenir. Outre que les événemens dont on a beaucoup parlé sont précisément ceux dont il y a beaucoup à dire, quand ce ne serait que pour discuter la manière dont on les a jugés, celui-là est particulièrement curieux, soit par l’intérêt du drame, soit par l’importance des acteurs, et j’ajoute que, malgré l’abondance des renseignemens, il y reste encore beaucoup d’obscurité.

Je ne me flatte pas de les dissiper toutes ; on ne le verra que trop dans le cours de ce travail. Il y en a pourtant sur lesquelles il me semble que ce que nous avons vu de nos jours peut jeter quelque lumière. L’homme ne change qu’à la surface.

  1. « Eh ! Messieurs, à propos d’une ridicule motion du Palais-Royal, et d’une insurrection qui n’eut jamais d’importance que dans les imaginations faibles ou les desseins pervers de quelques hommes de mauvaise foi, vous avez entendu naguère ces mots forcenés : « Catilina est aux portes de Rome, et l’on délibère ! » Mirabeau, discours du 26 septembre 1789.
    Je tiens de M. Aulard, qui réunit en ce moment les adresses envoyées à la Convention à propos du 9 thermidor, que, dans presque toutes, même dans celles de petits villages, où le maire et les conseillers municipaux n’avaient pas fait d’études classiques, Robespierre est appelé le Catilina moderne.