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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



28 février.


Le Sénat a voté pour la seconde fois le projet de loi qui abaisse à deux ans la durée du service militaire. Cette seconde fois sera peut-être la dernière : le gouvernement, en effet, a demandé à la Commission de la Chambre d’accepter le projet tel quel, et la Commission s’est conformée à son désir. Si la Chambre fait de même, le projet sera définitivement voté. Or la Chambre tient essentiellement à ce qu’il le soit avant les élections prochaines, et rien n’est plus naturel puisqu’il a été fait en vue de ces élections. Les députés, redevenus candidats, veulent pouvoir dire au pays que, s’ils n’ont pas fait les autres réformes, ils ont au moins fait celle-là, et ils comptent sur sa reconnaissance. Le principe d’égalité introduit dans la loi est de nature à plaire au plus grand nombre. On ne se demandera pas, au premier moment, si cette égalité n’est pas très lourde pour tout le monde ; on ne s’en apercevra qu’à l’épreuve. En attendant, la satisfaction sera générale, et les élections de l’année prochaine ne manqueront pas de s’en ressentir. Telle est l’espérance qui a déterminé hier le vote du Sénat et qui déterminera demain celui de la Chambre.

Le débat a été ce qu’il pouvait être dans ces conditions. Il n’y a pas d’éloquence qui puisse tenir contre un parti pris inébranlable. Le courage des orateurs qui ont combattu la loi n’en est que plus méritoire. M. Mézières, M. le général Billot, M. de Tréveneuc n’avaient, à coup sûr, aucune illusion sur le résultat de leurs efforts, mais ils avaient la conscience de remplir un devoir, et ils l’ont rempli jusqu’au bout. Leurs discours ne laissaient pas de produire parfois quelque impression sur le Sénat. Plus d’un de ceux qui ont voté la loi ne l’ont pas fait sans inquiétude. Ils n’étaient pas bien assurés de ne pas affaiblir l’armée. Ils se demandaient si, dans la situation géné-