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III

Les sciences physiques, à un moindre degré pourtant que les sciences naturelles, sont intéressées aux progrès de l’investigation microscopique. Il est quelquefois nécessaire au physicien et au chimiste de connaître la grandeur, la figure ou simplement l’existence de corpuscules très petits qui existent dans des conditions diverses et de résoudre pour l’œil des structures de plus en plus délicates. L’étude des précipités chimiques, des suspensions de solides dans les liquides, des émulsions, et enfin des solutions colloïdales comporte, dans une large mesure, l’usage du microscope, et, par là même, de l’investigation hypermicroscopique.

Les solutions véritables n’ont rien à montrer à l’examen microscopique ni à l’examen hypermicroscopique ; mais, comme on va le voir, les « fausses solutions » en sont justiciables ; et, par fausses solutions, on entend les suspensions, les émulsions et les solutions colloïdales.

Le moyen le plus parfait de diviser à l’extrême une substance telle qu’un morceau de sucre ou un morceau de sel, ce n’est pas de la broyer au pilon dans un mortier ; c’est de la dissoudre dans un liquide tel que l’eau. Dans la solution salée ou sucrée, le sel et le sucre subsistent avec leurs caractères et leurs propriétés, mais elles sont à l’état de division ultime au-delà duquel ces corps perdraient leur nature, c’est-à-dire à l’état de molécules. L’œil armé du microscope le plus puissant ne peut voir ces particules. C’est qu’elles sont en effet bien au-dessous de la limite de visibilité du microscope ; et même au-dessous du millième de micron qui semble actuellement celle de l’hypermicroscope. Le diamètre moyen des molécules, est, en effet, d’un dix-millionième de millimètre. L’examen hypermicroscopique nous conduit seulement à apercevoir des corps trente fois plus gros.


Les suspensions sont les mélanges que l’on obtient lorsque l’on introduit dans un milieu fluide une poussière très divisée qui ne peut s’y dissoudre. Ultérieurement le milieu pourra se consolider, comme ces vitraux dans lesquels on a incorporé, pendant que le verre était en fusion, tel ou tel oxyde métallique destiné à leur donner telle ou telle brillante coloration. Un exemple de ces suspensions de particules dans un milieu solide est celui des verres colorés par la poussière d’or très divisée dont Zsigmondy et son collaborateur ont fait l’étude. A l’œil nu,