par Pfeiffer, qui mesure seulement un demi-micron, et est encore nettement visible au microscope. Ce dernier, à son tour, est une sorte de colosse en comparaison du microbe de la péripneumonie bovine quatre à cinq fois plus petit. Celui-là, dont la longueur est d’un peu plus d’un dixième de micron, est à la limite de la visibilité. Il marque le terme où s’arrête la puissance du microscope ; il forme la transition des microbes ordinaires aux microbes invisibles.
Il n’y avait pas de raison a priori pour que le monde des microbes finît précisément au degré de petitesse que le microscope permet d’apercevoir. La puissance de l’instrument s’arrête aux environs de trois dixièmes de micron. Là se trouve la frontière du monde invisible. Le monde des microbes est à cheval sur cette frontière : il y en a en deçà et au-delà. On conçoit que d’un côté à l’autre les caractères de ces populations microbiennes ne présentent pas de différences très sensibles : leurs mœurs, leurs propriétés sont les mêmes. Quelques dixièmes de micron de plus ou de moins, cela est sans conséquence au point de vue des propriétés de la matière vivante. Visibles ou invisibles, microscopiques ou ultra-microscopiques, ces organismes se cultivent dans des milieux analogues ; ils se multiplient par semis ; ils sont vulnérables aux mêmes agens, détruits par le chauffage, par les antiseptiques, arrêtés par les parois filtrantes dont les pores sont en proportion de leur taille. Quand ils viennent à être semés chez l’homme, les animaux ou les plantes, c’est-à-dire quand ils tombent sur un terrain animal ou végétal qui leur convient, ils se propagent en donnant lieu aux maladies sporadiques ou aux épidémies.
Parmi les épidémies les plus redoutées des éleveurs il faut ranger la péripneumonie des bovidés. On en a longtemps recherché l’agent. Les poumons de l’animal malade sont infiltrés d’une sérosité qui est virulente. Si l’on ensemence un bouillon convenable avec une goutte de cette sérosité, le liquide tout entier devient virulent. Sa transparence, cependant, est à peine troublée : vainement tenterait-on, pour l’éclaircir, de le filtrer sur les bougies ordinaires : il conserve après filtration son aspect et sa virulence. Au contraire la bougie Chamberland de la marque B le rend tout à fait limpide et inoffensif : le principe actif est resté sur la paroi filtrante. Il n’y a pas à douter, d’après cela, que ce principe actif est formé de grains très ténus en suspension dans le liquide, et invisibles individuellement.
On est arrivé ainsi à se convaincre, par des argumens rationnels, de l’existence du microbe de la péripneumonie, avant d’avoir réussi à