pure, en tout cas, d’instructive curiosité. On sent la dualité de nature, le conflit entre l’ancienne Solange qui n’abdique pas son esprit critique et la Solange nouvelle qui voudrait croire, et qui s’applique. « Si je n’arrive pas à croire, ce ne sera pas de ma faute. Dans tous les cas, je pillerai Henri IV pour dire : Ma fille vaut bien une messe. » (18 novembre.) Ceci nous la gâte un peu. Néanmoins, la sincérité gagne du terrain. Solange essuie un premier sermon de sa mère, qui se méfiait, non sans raison ; elle en essuie un autre de M. de Girardin. Elle persiste. Elle est maintenant en retraite, au Sacré-Cœur. Elle approche peu à peu de la « conviction, » en attendant la foi qui transporte les montagnes. Mais elle fait encore bien des restrictions. Elle est « convaincue de la divinité de Jésus-Christ. Ce qui n’a pu m’entrer dans la tête, c’est l’Immaculée Conception, le culte de la Vierge, ainsi que l’infaillibilité de l’Église (3 décembre)… » Cependant ses dispositions morales s’amendent, ce qui est évidemment l’essentiel. Elle songe à Nini, à l’avenir de l’enfant, au sien propre. « Il faudrait un miracle pour que ma fille me fût rendue. Dieu peut les miracles. Mais ai-je mérité qu’il en fasse un pour moi ? Non. » (7 décembre.) Le repentir est sincère, ainsi que la résolution de vivre désormais une « vie nouvelle. »
En attendant, elle se résigne, et place Nini, comme elle-même, entre les mains de Dieu. « Si tu es réellement pieuse, lui écrit sa mère, c’est le moment d’échanger le baiser de paix avec Augustine (sa fille adoptive, Mme de Bertholdi). » Solange donne le baiser de paix ; et la réconciliation, datée d’alors, ne se démentit pas dans la suite. Maintenant elle va faire sa première communion. Elle a choisi, pour cette cérémonie, le jour où le tribunal doit décider du sort de sa fille, le vendredi 8 décembre. Elle communie avec contrition. Mais le tribunal a remis la décision à huitaine. Elle attend, elle espère. Tout à coup, un cri de joie : « Réjouis-toi, ma chère mère ! » Elle apprend qu’elle est séparée, et que le tribunal remet l’enfant à la grand’mère : « Quel bonheur, n’est-ce pas ? quel bonheur inespéré, un vrai miracle ! » (Vers le 15 décembre 1854.)
Et le cri de George Sand répond au sien (17 décembre) :
Quel bonheur, ma fille ! voici de quoi affermir ta foi ! Dieu est venu à notre aide, et, de quelque religion que l’on soit, on sent cette aide-là quand