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Vous devez être toutes les deux bien amusantes ensemble. Quand la ferez-vous monter à cheval ? J’espère que maintenant vous avez de la besogne à tout moment et que vous voudriez doubler les heures du jour et de la nuit, malgré que la Gasconne doit vous éveiller souvent.

Ayez la bonté de m’écrire deux mots dans un moment que votre fille vous laissera tranquille, pour me tenir au courant de votre santé à tous, maintenant que la famille a augmenté d’une si grande pièce. Soyez heureux tous. Ch

Chopin se sentait mortellement atteint, quoiqu’il cachât la situation à ses amis. Déjà le 25 juin, il avait mandé sa sœur Louise. Il attendait que l’Empereur autorisât celle-ci à venir le soigner. Sa dernière agonie allait commencer. Solange fut une des personnes qui recueillirent son dernier soupir, le 17 octobre 1849.


IX

Rien ne reste, avons-nous dit, de la correspondance échangée en 1849 et 18S0 entre George Sand et sa fille. Nous l’avons au contraire, sinon entière, en tout cas très abondante de part et d’autre, pour les années 1851, 1852, et les suivantes[1].

Les premiers mois de l’année 1851 s’écoulent gaîment, sans incident notable. Les rapports sont très affectueux. George Sand, occupée de théâtre, par le fréquemment de cette Claudie[2], que le Théâtre-Français a reprise le 1er juillet 1904, lors des fêtes du Centenaire, avec un succès éclatant. Solange se laisse emporter au tourbillon de la vie parisienne. Elle reçoit des écrivains à dîner, soupe chez Arsène Houssaye avec des comédiens ; elle a chevaux, voiture, cocher anglais ; entre temps, elle projette de partir pour Nohant « avec son bataclan. » Clésinger, médaillé de première classe en 1848, décoré en 1849, artiste en vogue, fait des tournées à Londres, et travaille, à ses momens perdus, à la statue de sa belle-mère. Il professe pour elle, outre l’admiration de naguère, une reconnaissance et une affection véritables.

  1. Nous comptons 49 lettres de Solange en 1851, 48 en 1852, 30 en 1853, 39 en 1854, en tout 166. Pour la même période, 70 lettres de sa mère. Les lacunes de ce côté sont visibles.
  2. Des fragmens de ces lettres sur Claudie ont été cités par M. Émile Faguet dans le feuilleton dramatique du Journal des Débats, du lundi 4 juillet 1904.