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paludisme, qui est répandu par les moustiques. On a eu une seconde raison quand on a su que c’était un trypanosome. Il y avait, en effet, peu de temps que l’on venait d’apprendre que deux autres maladies à trypanosomes, le nagana et la surra, avaient pour agent d’inoculation la mouche tsé-tsé ; et c’était Bruce lui-même qui, en 1897, avait reconnu la nature parasitaire et trypanosomique de l’épizootie du nagana et son mode de propagation par l’insecte en question. Les médecins naturalistes occupés de ces problèmes pensèrent donc immédiatement à la mouche tsé-tsé et, à son défaut, à la glossine à palpe qui en est voisine. Les indigènes de l’Afrique occidentale qui ne savent rien, mais que la maladie décime et rend attentifs y avaient pensé avant eux. Depuis longtemps les nègres de la Guinée française attribuaient la cause du mal à la piqûre des mouches.

Les mouches piquantes sont l’un des nombreux fléaux du continent africain. Le long du fleuve de Gambie, les habitans et les voyageurs sont tourmentés par des taons et des glossines. Ces dernières sont un peu plus grosses que nos mouches ordinaires. Comme les mouches tsé-tsé, qui sont une espèce appartenant au même genre, elles pullulent sur les rives des cours d’eau et généralement dans les localités humides, chaudes et basses. Elles ne se trouvent qu’au voisinage des collections d’eau. Jamais elles ne s’en éloignent à plus de deux milles de distance. Elles ne s’écartent pas, non plus, des ombrages. Il faut à ces insectes l’eau avec la brousse ou la forêt. Ils affectionnent le couvert des mimosas et des palétuviers et s’abritent sous leurs feuilles. Ils font défaut dans les prairies à ciel nu. Dans les endroits où se plaisent ces glossines, elles ne sont point uniformément répandues, mais groupées sur de petits espaces qui forment comme des taches ou des plaques circonscrites. En Gambie, ces glossines abondent dans les marais à palétuviers.

C’est dans ces mêmes régions que se localisent les foyers de la maladie : c’est là seulement qu’elle est contagieuse et qu’elle s’étend. L’observateur anglais Bruce et ses compagnons d’étude ont tracé la carte qui indique la répartition des glossines à palpe dans l’Ouganda ; et ils ont également formé une autre carte qui représente l’aire de distribution de la maladie du sommeil. Les deux cartes se superposent exactement.

Ils ont constaté que lorsqu’un malade arrive dans une localité où la mouche piquante abonde, la maladie se répand. Si les