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l’animal malade ou de l’homme, d’un genre d’animalcules parasites, d’organisation rudimentaire et très simple. Ils appartiennent à la classe des infusoires et sont appelés trypanosomes. Ce nom, quelque peu barbare, indiquerait que ces parasites ont le corps enroulé en tarière ou en tire-bouchon. Mais ceci n’est vrai que de la première espèce de trypanosome que l’on ait connue et qui vit en parasite dans le sang de la grenouille. Les autres, et particulièrement celles qui nous intéressent, ont le corps allongé en forme de fuseau. Une membrane mince borde un des côtés de ce fuseau d’une extrémité à l’autre. Plus longue à son bord libre qu’à son bord adhérent au corps, elle forme nécessairement des fronces ou des plis. Ce bord libre ainsi ondulé et épaissi sur toute la longueur représente une sorte de liséré ou de baguette. Celle-ci se prolonge librement en avant du corps de ces petites anguilles microscopiques en un filament ou flagelle qui agit comme instrument de locomotion. Ces protozoaires à flagelle frétillent dans le sang, entre les globules du sang de deux à dix fois plus petits qu’eux, qu’ils écartent et bousculent. — La maladie du sommeil et les épizooties précédemment nommées sont donc des « trypanosomiases, » c’est-à-dire des infections du sang par un même genre de parasites hématozoaires ; et c’est là un premier trait de ressemblance entre elles, un caractère étiologique commun de première valeur.

En voici un second. Ces affections, qui règnent épidémiquement, sont ordinairement transmises de l’animal malade à l’animal sain, du cheval ou du bœuf infecté, par exemple, à la nouvelle victime, par des mouches piquantes, dont la plus connue est la mouche tsé-tsé, qui est un des fléaux de l’Afrique tropicale.

Ces brèves indications suggèrent un autre rapprochement, cette fois entre le paludisme et les maladies à trypanosomes. Le paludisme est aussi une infection du sang par un parasite hématozoaire, le Plasmodium malarias ; et, de même, l’infection se fait par une mouche piquante, un moustique, l’anophèles.

Il est curieux de noter que c’est presque au même moment qu’ont été découverts l’agent du paludisme et celui de la première maladie à trypanosomes dont on ait connu la cause. M. Laveran annonçait l’existence de l’hématozoaire du paludisme le 23 novembre 1880 ; Evans faisait connaître, une semaine plus tard, le trypanosome qui cause l’épizootie de surra des équidés et des camélidés de l’Inde.