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trouve que son premier discours, son premier livre, et son premier article comme journaliste, ou l’un des premiers, constituent de véritables actes de foi.

« J’ai, pour me soutenir devant vous, dira-t-il en comparaissant le 19 septembre 1831 devant la Chambre des pairs, par-dessus tout, le nom que je porte, ce nom qui est grand comme le monde, le nom de catholique !… Il y a ici-bas quelque chose que l’on appelle la foi, et cette foi n’est pas morte dans tous les cœurs. C’est à elle que j’ai donné, de bonne heure, mon cœur et ma vie, prêt à tout sacrifier à la grande et sainte cause à laquelle je me suis consacré. »

Tout son discours ne fait que commenter ces paroles. Les Mémoires du temps dépeignent la surprise produite par un langage si nouveau, au sein de cette assemblée de vieillards sceptiques, qui avaient vu tant de révolutions et qui, en fait de religion, n’entendaient plus guère que celle de l’intérêt. M. Foisset, dans sa biographie de Montalembert, fait observer que l’on connaissait des légitimistes, des orléanistes, des républicains, mais que des catholiques proprement dits, des catholiques sans autre dénomination, l’on ne savait ce que c’était, que l’on n’en soupçonnait pas l’existence possible. Tout certainement était de nature à étonner dans ce jeune homme qui, avec une intelligence toute moderne, faisait revivre la sincérité et l’ardeur des vieux âges, qui affirmait, radieux, l’avenir de sa foi, déclarait que seule elle peut faire vivre le monde et ne demandait pour elle que la liberté.

Telle était la thèse que Montalembert exposait aux lecteurs du journal l’Avenir, dès ses débuts, en 1831, dans un article intitulé : La Foi. Un souffle éloquent, passionné, animait ces pages d’un lyrisme qui se ressentait de l’âge de l’auteur et du goût de l’époque :

« Vous qui proclamez à l’envi la fin de nos croyances, regardez, au sein de votre camp même, cette bannière nouvelle qui s’élève ; n’est-ce pas la foi, incomplète, incertaine, dévoyée, mais toujours elle, qui reparaît dans ce groupe d’hommes nouveaux.., » cette foi dont « ni la monarchie, ni la république, ni la science, ni la main du bourreau, ni le poison du mépris, ni la guerre, ni l’industrie, ni le sifflement de la vapeur triomphante sur ses chemins de fer, ni rien encore n’a pu avoir raison ? »

Enfin, c’est un véritable acte de foi que la Vie de Sainte