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dans cette voie. Elle est cependant nécessaire, puisque la race latine paraît subir cette loi, que le développement industriel mécanique et intellectuel accentue sa décadence physique. A ceux qui voudraient nier le fait, il suffira de montrer les statistiques du recrutement, constatant le pourcentage progressif des réformes et les incapacités physiques. Les conditions artificielles de la vie moderne en sont évidemment la cause.

L’armée, dans son rôle d’éducatrice, ne doit pas compter sur un terrain préparé à recevoir la bonne semence. Sur quoi donc va-t-elle pouvoir fonder son action ? Il ne lui restera guère que l’énergie et la bravoure, qui existent à l’état latent dans le sang de notre race. Cette bravoure se réveillera en présence de généreux exemples. C’est là que doit être cherché le point d’appui qui permettra de se servir utilement du soldat de deux ans.

Des cadres plus nombreux sont donc indispensables. Ils devront comprendre dorénavant un certain nombre d’anciens soldats qui serviront à la fois de modèles et de guides.


La loi militaire de deux ans amène une certaine diminution de notre puissance militaire. Mais ce point de vue (le seul qui devrait être envisagé) est également le seul qui ne puisse pas être discuté, puisque cette loi n’a pas d’autre but que de donner une satisfaction provisoire à la clientèle électorale. Il s’agit donc uniquement d’étudier les dispositions qui permettront de tirer de cette loi le moins mauvais parti possible. Pour bien faire, il faudrait d’abord entretenir à la frontière des troupes suffisamment solides et suffisamment nombreuses pour pouvoir résister à une attaque soudaine pendant le temps nécessaire à la mobilisation et à la concentration ; assurer ensuite la solidité des troupes mobilisées en organisant les régimens de telle sorte que les réservistes rentrent dans les compagnies, escadrons, batteries, où ils ont reçu leur instruction militaire.

L’effectif que nous devrions entretenir à la frontière dépend de celui dont les Allemands peuvent initialement disposer dans une attaque soudaine. Il a été dit précédemment que cette force comprend 127 bataillons, 234 escadrons, et 102 batteries. Pour résister, dans une défensive qui ne cédera le terrain que pied à pied, il semble que nous ne pouvons pas exiger de nos troupes qu’elles luttent avec une infériorité de plus de un contre deux pour l’infanterie et l’artillerie, et de un contre quatre pour la