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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



13 janvier.


Le ministère n’est pas encore par terre au moment où nous écrivons cette chronique ; mais peut-être le sera-t-il au moment où elle paraîtra. Ni les vacances, ni la reprise de la session ne lui ont été salutaires : il était déjà très malade lorsque les Chambres se sont séparées, et il s’est trouvé presque mourant lorsqu’elles se sont réunies. Deux incidens d’inégale importance ont rendu cette situation manifeste : l’un est l’élection de M. l’amiral Bienaimé dans le IIe arrondissement de Paris, l’autre celle de M. Doumer à la présidence de la Chambre des députés en remplacement de M. Brisson. On peut dire, et les amis du gouvernement ne s’en l’ont point faute, que l’élection de M. l’amiral Bienaimé ne prouve pas grand’chose. Le IIe arrondissement de Paris avait élu deux fois M. Syveton ; il appartenait donc et il est resté à l’opposition la plus violente, ce qui laisse les choses en l’état, sans perte d’un côté et sans gain de l’autre. Mais il n’en est pas de même de l’élection à la présidence.

Au surplus, cela n’est pas complètement vrai, même pour le premier cas. À la manière dont il s’est jeté dans la mêlée, on a pu voir que le gouvernement espérait bien reconquérir le IIe arrondissement, et, de son côté, l’opposition n’était pas sans inquiétudes sur le résultat de la bataille. Depuis les élections dernières, le nationalisme a perdu du terrain à Paris ; les échecs qu’il a éprouvés sur certains points faisaient croire qu’il en éprouverait sur d’autres ; enfin, la manière dont M. Syveton a disparu semblait de nature à causer aux électeurs une impression peu favorable au parti qu’il avait représenté. M. Bellan, qui a posé sa candidature à sa succession, était le favori du ministère sans être absolument ministériel. Son attitude, précisément parce qu’elle était un peu équivoque, devait plaire