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favorable souvenir. Je suis sûre que c’est un moyen de vous plaire et je m’y attache encore plus.

« Mais après avoir exposé, mon cher oncle, mes réflexions et désirs à ce sujet, je connais trop l’étendue de mes devoirs et le tendre intérêt que vous me témoignez pour ne pas subordonner ma volonté à la vôtre et remettre à votre disposition l’époque de mon départ. Vous avez la bonté de vous réserver d’entrer en détail avec moi sur les arrangemens relatifs à mon établissement futur, et sur les personnes que vous voulez placer près de moi. J’oserai alors vous témoigner avec toute confiance mes observations et désirs à ce sujet, ne doutant pas qu’ils n’aient votre approbation, vu l’opinion que j’en ai pu recueillir au sein de ma malheureuse famille, et que les circonstances ont pu me procurer.

« Je vous prie, mon très cher oncle, d’être l’interprète de tous mes sentimens pour mon cousin comme vous avez été le sien auprès de moi ; c’est avec bien de la sincérité que j’ose vous répéter l’assurance que mon cœur est touché au-delà de toute expression des soins que vous avez pris d’assurer mon bonheur futur et que j’éprouverai la plus douce consolation quand je pourrai vous en assurer de vive voix. »

Le Roi eût voulu remercier l’empereur François il auquel, malgré tout, il était redevable de la liberté de sa nièce, du repos dont elle jouissait depuis sa sortie du Temple et du mariage rendu maintenant possible. Mais, ce prince lui ayant fait l’injure de ne jamais répondre à ses lettres, il renonça à lui écrire et chargea sa nièce de ses remerciemens. « Soyez, je vous prie, mon interprète. Dites-lui qu’il n’y a pas un seul des sentimens qu’il a si bien mérités de votre part qui ne soit aussi profondément gravé dans mon âme que dans la vôtre. Je vous connais trop pour n’être pas sûr que vous vous attacherez à cultiver son amitié, même lorsque vous n’habiterez plus le séjour que Ses bontés ont embelli pour vous. Puissiez-vous ainsi devenir un lien d’union et d’amitié entre votre généreux bienfaiteur et moi ! »

Enfin, pour achever de manifester sa joie, le Roi autorisa son neveu à reprendre avec sa cousine la correspondance interrompue depuis le 24 juillet à la suite d’un incident qu’il y a lieu de noter au passage. Ce jour-là, le Duc d’Angoulême, prévenu que son oncle écrivait à Madame Royale, avait écrit, lui aussi, à sa fiancée, et était venu, comme il le faisait toujours,