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ma résolution n’a jamais varié, et je suis décidée à remplir mes engagemens. Quand l’évêque de Nancy m’a remis votre lettre, il m’a demandé quelle réponse je voulais qu’il vous envoie ; je n’ai pu que lui renouveler l’assurance de ma docilité à vos vues ; j’ai pensé que je ne devais rien prononcer sur l’époque, les arrangemens de mon départ que vous ne me fixez pas dans votre lettre, avant que d’en avoir communiqué à l’Empereur, trouvant que c’était mon devoir ; je l’ai fait aussitôt. Sa Majesté m’a répondu de la manière la plus amicale, m’assurant de l’intérêt qu’il prend à mon sort, des vœux qu’il forme pour mon bonheur et du vif désir qu’il a d’y contribuer. Il m’a annoncé qu’il entrerait volontiers en négociation avec la Russie sur les objets qui me concernent. Ainsi, mon très cher oncle, loin de craindre que vos vues éprouvent des obstacles, de ce côté-ci, soyez persuadé qu’elles seront vivement secondées.

« L’ambassadeur de Russie a exposé à l’Empereur les objets des négociations dont il est chargé. La réponse qu’il a reçue et dont il m’a fait part, est conforme à celle que ce prince m’avait déjà faite. L’ambassadeur va rendre compte présentement à sa cour de ses premières démarches ; il attendra pour la suite le développement de ses instructions, ce qui, malgré ses soins, lui prendra bien du temps et lui fait craindre que rien ne soit terminé avant l’hiver, et je dois vous avouer, avec la sincérité que vos bontés pour moi autorisent, que j’aurais de la répugnance à entreprendre dans cette saison un voyage aussi long que celui de la Courlande, et je craindrais, suivant ce qu’on dit, d’être obligée d’attendre, peut-être dans un village, un mois, six semaines que le temps et les chemins me permettent de continuer mon voyage. Mon cœur sent très bien toutes les douceurs qui m’attendent près de vous, et au sein de ma famille paternelle. Mais malgré tout cela, je ne peux, sans me rendre coupable d’ingratitude, m’éloigner sans peine, peut-être pour toujours, d’un souverain, mon libérateur, et d’une famille qui me témoigne tant d’amitié. Si vous jugez comme moi, mon cher oncle, que la fin de l’hiver serait un terme convenable à mon départ, j’aurais à cœur de profiter des quelques mois qui me restent pour témoigner encore mieux que ma position passée ne me l’a permis, tant à l’Empereur qu’à sa famille et au public, ma reconnaissance et mes sentimens. Il me semble que, dans la position où je suis, je dois chercher à faire tout pour le mieux, et à laisser ici le plus