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que le Trésor autrichien était resté redevable de la dot de Marie-Antoinette. En ce cas, cette somme, grossie des intérêts accumulés depuis 1770, revenait à Madame Royale. Il y avait encore à réclamer l’inventaire des diamans ; à rechercher si l’impératrice Marie-Thérèse et son époux n’avaient pas, dans leurs dispositions testamentaires, avantagé leur fille devenue reine de France ; à obtenir enfin de l’Empereur que les capitaux revenant à Madame Royale demeurassent placés dans les fonds publics et que les intérêts lui en fussent payés régulièrement.

Le règlement de ces questions serait facile si la Cour de Vienne y apportait quelque bon vouloir. Mais, d’elle, on le sait, Louis XVIII n’en attendait aucun. L’Empereur n’avait-il pas déjà déclaré qu’il n’autoriserait ni le mariage dans ses États, ni la résidence des époux, « ne voulant pas s’exposer à les entretenir. » En recevant dans sa famille Madame Royale à sa sortie de France, n’avait-il pas stipulé qu’elle paierait pour ses frais d’existence une somme mensuelle de quinze cents florins et ne s’était-il pas fait prier pour promettre de prendre à sa charge, lorsqu’elle quitterait ses Etats, les dépenses de son voyage jusqu’à la frontière ? Y avait-il lieu d’espérer que la Cour de Vienne se montrerait « moins sordide à l’égard des répétitions de Madame Royale » qu’elle ne l’avait été dans ces circonstances ? Louis XVIII demeurait, sur ce point, fort sceptique. Pour ce motif, il avait songé à employer, vis-à-vis de cette cour, l’influence de Paul Ier.

Il aurait voulu aller la solliciter lui-même. Avant de quitter Blanckenberg, il demandait au Tsar à passer par Saint-Pétersbourg en se rendant à Mitau. Le Tsar lui avait répondu par un refus : le moment n’était pas opportun. Il ne s’en était ni offensé ni affligé. La Fare à Vienne, Saint-Priest envoyé à cet effet dans la capitale russe avaient reçu mission de négocier pour faire naître entre les deux cabinets une entente à la faveur de laquelle toutes les difficultés pendantes seraient réglées au mieux des intérêts de Madame Royale. Grâce aux lenteurs diplomatiques, cette négociation allait durer près d’une année. Mais, outre qu’il ne supposait pas qu’elle dût être aussi longue, Louis XVIII était convaincu que le Tsar, en ordonnant au comte de Razumowski, son ambassadeur à Vienne, de l’ouvrir en son nom, voulait fermement la voir aboutir et déciderait le cabinet autrichien à faciliter, dans la mesure où la solution dépendrait de