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Je garderai dans mes cheveux
Ta verte rumeur si tu veux,
Toi qui pour plages
A le ciel rose ou ténébreux,
Comme les grèves sont les cieux
Des coquillages.

Et comme la plainte du pin
Imite le soupir marin
D’une, spirale,
Mes vers répéteront sans fin
Ton écho paisible et serein
O lune pâle !


AUX PAPILLONS


Vous qui portez écrits sur vos ailes sans nombre
En signes inconnus des secrets fabuleux,
0 vous dont j’aime tant le vol brillant ou sombre,

Etrangement fuyans, fiers et mystérieux,
Couleur d’or et d’azur ou bien revêtus d’ombre,
Velus ou rayonnans, ternes ou luisans d’yeux,

O papillons ! parure errante des journées !
Lorsque va revenir le meurtrier hiver
Suivant le jaune essaim des feuilles entraînées,

Amis des fleurs du soir ou des fleurs du jour clair,
Vous vous mélangerez aux corolles fanées
Dans le tourbillon froid et sinistre de l’air !

Pour la dernière fois, ouvrant grandes vos ailes,
Papillons ! d’un suprême et fatidique effort,
Vous atteindrez les champs de tristes asphodèles.

Au funèbre pays d’où nul humain ne sort,
Tâchez de bien apprendre, ô mes amis fidèles,
Ce que tout ce qui vit devient après la mort.