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services par des commissions composées par les inspecteurs généraux.

Après la guerre, la création des corps d’armée entraîna de profondes modifications dans les erremens relatifs à l’avancement. Il fallut donner aux chefs de ces nouveaux commandemens une influence et même une influence prépondérante. Les nombreux décrets, ou instructions ministérielles, parus depuis cette époque font ressortir les tâtonnemens successifs des ministres de la Guerre. Le décret du 5 mars 1899, présenté par M. de Freycinet, résume les résultats de l’expérience acquise pendant cette longue période d’essai.

D’après ce décret, le ministre devait fixer chaque année l’ancienneté à exiger pour l’inscription au tableau d’avancement. Cette limite était avancée de six mois pour les officiers brevetés. Là se bornait l’intervention du ministre. Les tableaux d’avancement étaient arrêtés, pour les grades inférieurs, par les commissions d’armes ; pour les grades supérieurs, par la haute commission de classement composée des commandans de corps d’armée ; pour les officiers généraux, par le Conseil supérieur de la Guerre.

En confiant l’avancement des officiers à leurs supérieurs hiérarchiques, en se privant de la satisfaction d’accorder personnellement des faveurs, M. de Freycinet rendait un véritable service au pays. Il assurait, autant que possible, les avantages du choix au mérite bien constaté ; et, de plus, il tenait compte des difficultés créées par notre régime politique et par la toute-puissance du parlement ; il donnait aux ministres les moyens de se garantir contre les sollicitations puissantes, pressantes, des hommes politiques dont dépend souvent le sort des cabinets ; et il leur permettait de se retrancher derrière un classement fait en dehors d’eux par les chefs les plus élevés de l’armée.

Les choses changèrent bientôt. Dès le 29 septembre 1899, un nouveau décret présenté par un des successeurs de M. de Freycinet spécifiait que, dorénavant, le ministre de la Guerre déciderait seul des nominations des généraux à soumettre au Président de la République.

Un autre décret du 9 janvier 1900 établissait que les commissions de classement ne feraient plus que dresser des listes de présentation au ministre, qui statuerait définitivement, pour arrêter les tableaux.