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supérieure de guerre. La meilleure partie des brevetés seraient maintenus à cette école pour une troisième année ; on y choisirait, après un nouveau concours, les officiers d’état-major.

Les deux concours seraient ouverts à tous les officiers de l’armée, désireux d’y prendre part, sous la réserve des notes de leurs chefs hiérarchiques, affirmant qu’ils paraissent aptes à occuper les postes élevés de l’armée.

En temps de paix, les officiers d’état-major seraient employés exclusivement, tant dans les divers états-majors que dans l’état-major de l’armée, à des travaux les préparant à leur service de guerre. Les officiers brevetés assureraient les autres travaux des états-majors et notamment les travaux de chancellerie. Les uns et les autres seraient astreints à de fréquens stages dans la troupe.

Enfin, il y a lieu de remarquer que rien n’existe dans nos lois et dans nos règlemens pour réserver les hauts grades de l’armée exclusivement à des officiers présentant des garanties d’instruction et de préparation intellectuelle, en rapport avec l’importance de ces fonctions élevées, et avec les exigences de la guerre moderne.

Pendant que, dans les armées étrangères, on ne néglige rien pour faire du corps d’officiers une élite intellectuelle ; pendant que de cette élite, on en tire une autre choisie, instruite, perfectionnée sans cesse au point de vue de la guerre, et destinée à aider le haut commandement, puis à recruter ce haut commandement lui-même ; en France, on ne trouve rien de semblable dans notre organisation, ni maintenant, ni à aucune époque.

L’étude des modifications successives de nos règles d’avancement ne fait ressortir aucun principe élevé, aucun souci de cette idée, qu’organiser l’avancement des officiers, c’est préparer l’utilisation des forces de la nation, et que, par conséquent, dans cette question si grave pour les destinées du pays, les intérêts particuliers doivent, plus que partout ailleurs, céder le pas à l’intérêt général.

Pour terminer cette trop longue étude, je vais examiner rapidement ces règles, et voir comment elles pourraient être perfectionnées. Je ne parlerai pas du recrutement même des officiers. Les écoles de Saint-Cyr et polytechnique sont bien faites pour former une élite intellectuelle dans le corps des officiers. Saint-Maixent, Saumur et Versailles donnent de très bons résultats. Quand un pays a de pareilles institutions, consacrées par