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LES HAUTES ÉTUDES DE GUERRE
ET
L’AVANCEMENT DANS L’ARMÉE

La guerre russo-japonaise se poursuit tragiquement, soulevant des questions brûlantes, attirant l’attention du monde entier.

Au point de vue de l’art de la guerre, elle est d’un intérêt passionnant. C’est la première fois, depuis longtemps, que nous assistons à la lutte de deux volontés, énergiques, ardentes, l’une et l’autre. Dans les rencontres de la Prusse contre l’Autriche en 1866, de l’Allemagne contre la France en 1870, et même de la Russie contre la Turquie en 1877, l’un des adversaires avait pris dès le début une supériorité écrasante. L’une des volontés n’avait pas cessé de dominer l’autre.

Aujourd’hui, il n’en est plus ainsi. Nous venons de voir le haut commandement japonais voulant, avec ardeur, profiter des conditions exceptionnellement favorables dans lesquelles la guerre s’ouvrait pour lui ; cherchant à brusquer les événemens soit pour prendre Port-Arthur, soit pour écraser l’armée russe dans une bataille décisive ; et se butant contre la volonté énergique, bien arrêtée, de son adversaire décidé à temporiser, à éviter de se laisser entamer, à ne rien risquer jusqu’au jour où il serait suffisamment renforcé pour prendre, à son tour, l’offensive.