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les oiseaux ou vols de la Chambre ou du cabinet. Au nombre de ces mêmes services de la Chambre on relève encore : la musique de la Chambre avec 2 surintendans, ses compositeurs, ses chanteurs, ses musiciens et enfans de musique, les 24 violons de la Chambre et les petits violons du cabinet, les 12 trompettes de la Chambre et les 4 trompettes des plaisirs, le timbalier des plaisirs, les 4 tambours, les fifres et les hautbois de la Chambre ; le service de santé comprenant : 1 premier médecin, 1 médecin ordinaire, 8 médecins servant par quartier, 1 premier chirurgien, 1 chirurgien ordinaire, 8 chirurgiens servant par quartier, 1 médecin de l’infirmerie de la maison du Roi, 4 apothicaires et 4 aides, 2 apothicaires distillateurs, des opérateurs et herboristes, etc.

L’une des curiosités du Versailles royal était la Bouche, que dirigeaient le premier maître d’hôtel, le grand panetier, le grand échanson, le grand écuyer tranchant et qui impliquait un détail infini avec ses sept offices : du gobelet du Roi, divisé en paneterie bouche et échansonnerie bouche, — de la bouche du Roi ou cuisine bouche « qui sont seulement pour la personne du Roi ; » — de la paneterie-commun, — de l’échansonnerie-commun, — de la cuisine-commun, fabriquant chaque jour une immense quantité de mets pour tous ceux qui avaient « bouche à cour, » — de la fruiterie, approvisionnée par le grandiose potager que dirigèrent La Quintinye et ses successeurs ; — enfin de la fourrière chargée, ce qui n’était pas une sinécure, d’allumer et d’entretenir dans tout le palais, très froid l’hiver, d’innombrables feux. Dans le célèbre Journal de la santé du Roi rédigé par Vallot, Daquin, Fagon, ses trois premiers médecins, et publié par l’ancien bibliothécaire de Versailles J. -A. Le Roi, l’on peut voir quels étaient souvent pour Louis XIV les résultats de l’étonnante consommation, à laquelle la Bouche et le Gobelet avaient peine à suffire, de ces plats et vins si recherchés qui faisaient dire à Fagon, parlant du formidable appétit de son royal client, tant admiré par ceux qu’il appelle les goulus de la Cour : « La tentation l’empêche de se contraindre. »

Après Louis XIV, tous ces services continuèrent à fonctionner, les princes imitant le Roi. A la veille de la Révolution, malgré quelques velléités de réforme vite abandonnées, il n’y avait pas moins de seize maisons des membres de la famille royale, montées, du plus grand au moindre, dans des proportions ici à