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Le 6 juin, la division Brunet, dont faisait partie le 86e, recevait l’ordre d’attaquer, le lendemain, le Mamelon Vert.


V. — LE MAMELON VERT (7 juin)

Du fond du port militaire jusqu’au ravin du Carénage, le faubourg Karabelnaïa et les grands établissemens de l’arsenal étaient défendus par un demi-cercle de batteries, de redoutes et d’embuscades, parsemées de fougasses.

Les principaux ouvrages étaient, de l’ouest à l’est : la Batterie des Casernes, le Petit Redan, la tour Malakoff et, à 500 mètres en avant de Malakoff, le Mamelon Vert.

Un fossé à pic, bordé de chevaux de frise et de trous-de-loup, entourait la tour Malakoff et ses ouvrages avancés, reliés au Mamelon Vert par des cheminemens en zigzag.

La principale défense du Mamelon Vert, armé de grosse artillerie, était la lunette Kamtschatka, dont la gorge pouvait être battue, à petite distance, par les feux étages de la tour Malakoff.

Le Mamelon Vert était flanqué, jusqu’à la mer, par des batteries et des places d’armes remparées ; trois lignes d’embuscades le couvraient du côté de l’attaque.

Entre le ravin du Carénage et la grande rade se profilaient, sur le versant sud des monts Sapoune, les quatre batteries russes, dites Ouvrages Blancs, d’où l’on dominait la flotte russe, qui pouvait battre deux d’entre elles de ses feux. Une ligne d’embuscades et d’abatis reliait les Ouvrages Blancs au Mamelon Vert.

Il ne fallait pas songer à donner l’assaut général à Sébastopol sans être maître de ce formidable ensemble de défenses avancées qui, devant Malakoff, avait plus de 1 000 mètres de profondeur. C’était l’avis des deux directeurs des travaux d’attaque, Niel et Bourgoyne. Le conseil en décida l’attaque pour le 7 juin.

Elle fut préparée, dès la veille à trois heures de l’après-midi, par un violent bombardement, de vingt-deux heures.

Le jeudi 7 à quatre heures et demie du soir, les 3e et 4e divisions (Mayran et Dulac) du 2e corps (Bosquet) se massaient à l’entrée du ravin du Carénage ; les 2e et 5e (Camou et Brunet), devant le Mamelon Vert.

A leur gauche, cinq brigades anglaises, sous les ordres des généraux Penntather et Codrigton, devaient attaquer l’ouvrage