s’en montreront dignes, et de donner aux populations maures et aux autres tribus non chrétiennes le régime spécial qui convient à leur organisation et à leurs mœurs particulières.
M. Roosevelt, avant d’être élu vice-président des États-Unis, prit part à la bataille et soutint de son éloquence impétueuse et imagée la politique de M. Mac-Kinley et de M. Taft. Il est curieux de citer, à ce sujet, une page d’un de ses discours : elle définit très bien le point de vue des républicains et surtout elle caractérise l’âme virile du président, avec sa foi presque mystique dans les destinées des États-Unis, sa confiance dans la souveraine vertu de l’action et son horreur de l’homme « surcivilisé, » de « l’homme qui se défie de son pays, » du théoricien et de l’intellectuel.
Dans les Indes Occidentales et les Philippines, nous sommes en présence des problèmes les plus difficiles. Il y aurait couardise à se dérober au soin de les résoudre comme il convient ; car il faut qu’ils soient résolus, sinon par nous, alors par quelque plus virile et plus forte race. Si nous sommes trop faibles, trop égoïstes, ou trop insensés pour les résoudre, quelque peuple plus ambitieux et plus capable doit entreprendre la solution. Personnellement, je suis de beaucoup un trop ferme croyant en la grandeur de mon pays et en la puissance de mes compatriotes pour admettre un instant que nous soyons jamais réduits à cette ignoble alternative.
Les Philippines présentent un problème plus grave encore. Leur population comprend des chrétiens natifs, des métis, des musulmans guerriers et des païens sauvages. Beaucoup de leurs habitans sont absolument incapables de self-government, et ne montrent aucun signe de capacité possible. D’autres peuvent avec le temps en devenir capables, mais, à présent, ils ne peuvent prendre part au self-government que sous une sage surveillance à la fois ferme et bienfaisante. Nous avons chassé des îles la tyrannie espagnole ; si nous permettons maintenant qu’elle soit remplacée par une anarchie sauvage, nous avons travaillé pour le mal et non pour le bien. J’ai peu de patience pour ceux qui craignent d’entreprendre la tâche de gouverner les Philippines, et qui avouent ouvertement qu’ils craignent de l’entreprendre, ou qui s’y dérobent à cause de la dépense et des embarras ; mais j’ai encore moins de patience pour ceux qui couvrent et qui masquent leur timidité d’un prétexte d’humanitarisme, et qui parlent d’un ton cafard de « liberté » et de « consentement des gouvernés, » pour s’excuser de leur mauvaise volonté à jouer leur rôle d’hommes. Leurs doctrines, si on les mettait à exécution, nous forceraient à laisser les Apaches de l’Arizona opérer leur propre salut, et à décliner toute intervention dans une seule Réserve indienne. Leurs doctrines condamnent vos ancêtres et les miens pour s’être établis dans ces États-Unis. Si nous faisons bien notre devoir aux Philippines, nous ajouterons à ce renom national qui est la plus haute et la plus belle part de la vie nationale, nous conférerons un grand bienfait au peuple des îles