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la mort des roses


Dans le jardin hanté des baumes, visité
Des essaims et qu’emplit l’âme du soir, s’étale,
Sous la douceur de la lumière occidentale,
Une rose qui meurt au seuil d’or de l’Été.

Car, trop épanouie en sa maturité,
La fleur se détachant pétale par pétale
Disperse mollement sur l’argile natale
Sa corolle de grâce au parterre attristé.

Sans un regret, sans un soupir, sans un murmure,
Ma vie, effeuille-toi comme la rose mûre ;
Laisse tomber les jours douloureux un par un,

Pour qu’à l’heure où viendra la Mort tarir mes veines,
S’évanouisse aux vents nocturnes le parfum
Des rêves abolis et des chimères vaines.

Léonce Depont.