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Dès lors, l’analyse spectrale est établie par Kirchhoff et Bunsen, et ces savans démontrèrent tout de suite son importance par la découverte de nouveaux élémens : le rubidium et le cœsium. La chimie minérale s’empare de l’analyse spectrale. Sir William Crookes caractérise le thallium, isolé bientôt par Lamy. Reich et Richter découvrent l’indium. Puis vient la découverte du gallium. Enfin, dans les mains de nombreux savans, Bunsen, Thalen, Clève, Nilson, Crookes, Lecoq de Boisbaudran, Demarçay, Becquerel, Benedicks, cette méthode peut être appliquée à l’étude si difficile des terres rares.

Le phénomène si simple du renversement des raies devait étendre l’empire de la chimie analytique jusqu’aux confins- des dernières étoiles visibles. Il devait démontrer que la même matière est distribuée dans tout l’univers. En effet, Kirchhoff reconnut la présence, dans l’atmosphère du soleil, du sodium, du calcium et du baryum, du manganèse, du fer, du chrome, du cuivre et du zinc. Plus tard, Angström et Thalen indiquèrent l’existence, dans le soleil, de l’hydrogène, du magnésium et de l’aluminium. Sir Normann Lockyer, dans ses belles recherches spectrales sur l’analyse des astres, nous a démontré que le soleil renfermait aussi du cadmium, du strontium, du cérium, du plomb et du potassium. Huggins poursuivit l’étude du spectre des étoiles et des nébuleuses ; il y rencontra les mêmes corps simples. Le P. Secchi établit que le spectre des comètes fournit les raies des hydrocarbures.

Toute cette grande question a été reprise et mise au point, grâce à des méthodes nouvelles par Rowland, professeur à l’Université de Baltimore. Ce savant a donné, sur la composition 5u soleil, d’après l’étude de son spectre, les résultats les plus importans que nous possédions. Il a relevé 20 000 raies, dont un tiers seulement fournit des coïncidences certaines avec nos raies terrestres. Il est vrai que, dans ces coïncidences, se trouvent les raies les plus fortes des corps simples. De cette belle étude, Rowland conclut que la terre, portée à la température du soleil, donnerait un spectre à peu près semblable.

La chimie minérale a encore utilisé l’analyse spectrale pour l’étude des spectres de bandes. Ces spectres ont servi aux chimistes comme moyen analytique.

S’il était besoin d’un autre exemple pour démontrer la fusion de la chimie minérale et de la physique, nous pourrions