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Puis l’étude du samarium fut poursuivie par Clève, Lecoq de Boisbaudran, Demarçay, Brauner et Bettendorf. En étudiant le fractionnement du samarium, Demarçay indiqua l’existence d’un nouvel élément, l’europium.

En même temps que Mosander terminait ses travaux sur le cérium, il reprenait l’étude de l’yttria et en séparait l’erbine et la terbine. Cette étude fut continuée par Clève, Marignac, Crookes, Delafontaine. Clève démontra nettement, en 1879, que l’erbine est un mélange de plusieurs terres, et, depuis cette époque, de nombreuses recherches sont poursuivies sur ce sujet.

Quatre élémens : l’yttrium, l’ytterbium, l’erbium et le scandium de Nilson, paraissent indiscutables. Les beaux travaux de Clève ont montré qu’il existait, dans ce groupe, d’autres élémens, et, en particulier, l’holmium.

Enfin de ce même groupe de l’yttria, Marignac a séparé une terre que Lecoq de Boisbaudran a nommée oxyde de gadolinium.

Malgré les efforts continus de l’École suédoise, malgré les recherches de tant de savans, Berzélius, Mosander, Clève, Nilson, Crookes, Marignac, Lecoq de Boisbaudran, Demarçay, Brauner, Wyrouboff et Verneuil, Urbain, cette question capitale des terres rares est loin d’être terminée. La séparation de ces différens oxydes reste une des opérations les plus délicates de la chimie, et, cependant, lorsque l’on compare des élémens aussi voisins, on sent combien leur étude complète présenterait d’intérêt pour la science.

Du reste, cette chimie minérale ne s’est jamais arrêtée et l’on peut dire qu’elle a bénéficié de toutes les découvertes réalisées dans les autres sciences.

L’exemple le plus frappant que nous puissions en donner est celui de l’analyse spectrale. On se souvient que Wollaston, dès 1802, avait indiqué la discontinuité du spectre solaire. Plus tard, en 1815, Frauenhoffer a étudié les raies obscures de la lumière solaire, et les raies lumineuses de certains spectres. Après les nombreux travaux de Brewster, de Wheatstone, d’Alter, d’Angslröm, de Masson et de Plucker, il faut arriver jusqu’à la grande découverte de Kirchhoff, en 1860, pour connaître la parfaite concordance des raies brillantes des spectres, et des raies noires du soleil et des étoiles.