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AUTOUR
D’UN MARIAGE PRINCICER
RÉCITS DES TEMPS DE L’ÉMIGRATION[1]

I
L’AMI DU ROI


I

Depuis une année environ[2], Monsieur, Comte de Provence, — Monseigneur le Régent comme l’appelaient les émigrés, — résidait à Vérone, lorsque, dans la journée du 21 juin 1795, se présentèrent, au Borgo San Domino où il était installé, le colonel comte de Damas, premier écuyer du prince de Condé et le comte de La Geard, aide de camp du Duc de Berry. Des bords du Rhin

  1. Indépendamment des documens inédits utilisés dans mes précédens travaux sur les émigrés, je dois à une bienveillance qui m’inspire la plus vive gratitude d’avoir pu me servir pour ces nouveaux récits des papiers du roi Louis XVIII de 1796 à 1814 : ses manuscrits autographes, les registres de ses correspondances, les lettres des souverains avec qui il entretenait des relations, celles de sa famille et des agens de toutes sortes qu’il employait à l’intérieur de la France et au dehors ainsi que les rapports de ceux qu’il appelait ses ministres et notamment du comte d’Avaray, son confident et son ami. En examinant ces richesses documentaires, qui pour la plupart n’étaient jamais sorties, depuis plus d’un siècle, du dépôt où elles sont conservées, j’ai eu la satisfaction de constater la rigoureuse exactitude de ce que j’avais antérieurement raconté. Mais, en même temps qu’elles me fournissaient l’occasion d’y répandre plus de lumière, elles m’ont révélé une infinité de faits nouveaux, ignorés ou mal connus, ainsi qu’il apparaîtra dans les pages qu’on va lire.
  2. Voyez, pour ce qui précède, le tome Ier de mon Histoire de l’Émigration récemment publiée. — Paris, Vte Ch. Poussielgue, éditeur.