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cause Peut-être le ministère se survivra-t-il quelque temps encore. Mais la Chambre se suicide, en croyant se sauver, lorsqu’elle se rend solidaire d’actes dont elle rougit elle-même et que le pays ne pardonnera pas.

L’ouverture de la session a eu lieu le 18 octobre, et la première question posée a été celle de la séparation de l’Église et de l’État. Le coup de clairon que M. le président du Conseil a poussé, il y a quelques semaines à Auxerre, a retenti au Palais-Bourbon en échos prolongés. La campagne séparatiste s’est engagée tout de suite, mais elle n’est qu’à son début, et bien des incidens se succéderont sans doute avant la fin. Cependant il ne faut pas se faire d’illusion. Nous sommes à un moment où, sous toutes les formes et dans tous les champs de l’activité, les vitesses démesurément accrues deviennent vertigineuses ; les accidens qui s’accumulent ne les ralentissent pas. La fièvre est générale ; elle a gagné la politique comme tout le reste, si même ce n’est pas là qu’elle a commencé. C’est la marche, la course à l’abîme : quand nous y serons tombés, nous nous relèverons si nous pouvons, et comme nous pourrons.

La session d’automne, si improprement qualifiée d’extraordinaire, est consacrée d’habitude à la discussion du budget, c’est-à-dire au travail, non seulement le plus ordinaire, mais le plus indispensable du Parlement. Autrefois, on incorporait au budget toutes sortes de réformes, ce qui en rendait la discussion très longue et condamnait presque toujours à voter, à la fin de l’année, un ou plusieurs douzièmes provisoires. Ce système présentant des inconvéniens sensibles, on a prononcé la disjonction des réformes. Mais que deviennent-elles ? On continue de les promettre. Il en est une, cependant, qu’il est devenu à peu près impossible de ne pas aborder, bien qu’il reste à peu près impossible aussi de la faire aboutir : c’est l’impôt sur le revenu. La Chambre l’a mise en tête de son ordre du jour, et nous aurons à en parler bientôt. Quant à la séparation de l’Église et de l’État, bien que M. Combes l'ait renvoyée aux premiers mois de l’année prochaine, la discussion s’en est imposée tout de suite. La Chambre a décidé qu’elle consacrerait un jour par semaine, le vendredi, aux interpellations. Dès la première séance, M. le président du Conseil a demandé qu’on donnât le premier rang parmi les interpellations à celles qui se rapportent à la rupture de nos rapports diplomatiques avec le Vatican. M. le président du Conseil a parlé longuement de cette rupture et des causes qui l’ont produite. On ne lui a prêté qu’une