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LA JEUNESSE DE MOZART

II[1]
LES PREMIERS VOYAGES (1762-1763)


I. — LE VOYAGE DE VIENNE

Ce fut à Salzbourg même, le mardi 1er septembre 1761, que Mozart comparut pour la première fois en public : non pas encore, il est vrai, en qualité de « petit prodige, » mais déjà dans des conditions qui durent sans doute lui faire trembler le cœur d’émotion et de joie. Ce soir-là, dans la grande salle du théâtre de l’Université, eut lieu, comme tous les ans, une représentation dramatique organisée par les étudians avec le concours de leurs professeurs. Le programme annonçait d’abord une cantate, Tobias a Raguele cum gaudio excipitur (car ce théâtre universitaire n’admettait pas d’autre langue que le latin) ; puis venait un « intermède comique, » dont malheureusement nous ignorons le détail ; et la soirée se terminait par une tragœdia finalis, Sigismundus Hungaviæ Rex, qu’avait expressément écrite pour la circonstance un vieil ami de Léopold Mozart, le P. Marianus Wimmer, professeur et « dramaturge » attitré de l’Université : une belle tragédie héroïque, entremêlée d’airs et de chœurs qu’on avait commandés, suivant l’usage, au maître de chapelle de cour Jean-Ernest Eberlin. Tous les rôles étaient tenus par des garçons, l’archevêque ayant interdit, en 1753, que garçons et filles

  1. Voyez la Revue du 1er avril 1904.