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Le premier jour passé dans la capitale de la Corée touche à sa fin. Le calme pénètre la nuit, un calme profond comme on n’en peut goûter qu’à Séoul. L’allée qui conduit à la Légation est sombre et déserte ; j’essaie de me rappeler ce que j’ai vu et entendu, tant de choses neuves et saisissantes, tant de contrastes et toutes ces perceptions incohérentes dans leur nouveauté. Il n’y avait pas d’invités au dîner. Mon hôte me demanda : « Que pensez-vous de Séoul ? » Je fus à peine capable d’exprimer clairement mes pensées. Ce que je pense réellement de Séoul ? Ce que je pense de ses habitans, de sa vie, de sa physiologie et de son atmosphère ? Je veux l’écrire tout de suite, avant que mes impressions aient rien perdu de leur première fraîcheur, tant que chaque teinte est encore vive, chaque détail grossi par la nouveauté. Quand mon séjour ici sera terminé, je parcourrai ces notes et, comme un maître d’école, je corrigerai à l’encre rouge toutes les fautes que j’y pourrai trouver. Ville et gens me seront alors mieux connus ; mais le charme du premier jour sera pour jamais évanoui.


Vay de Vaya et Luskod.