Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/811

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE GOUVERNEMENT
DE LA
DÉFENSE NATIONALE

LA CONQUÊTE DE LA FRANDE
PAR LE PARTI RÉPUBLICAIN
IV[1]


I

Ville fondée au confluent des mondes Romain, Germanique et Gaulois ; capitale de frontière, où la race de César, après avoir conquis celle de Vercingétorix, se gardait contre celle d’Arminius ; limite devenue un centre lorsque la ruine de Rome déplaça l’axe de la puissance vers la monarchie franque ; passage et marché entre les divers royaumes qui se divisèrent l’héritage de Charlemagne ; cité impériale et libre sous les empereurs germaniques, Lyon a, durant quatorze siècles, mêlé dans son histoire celle de trois races souveraines et dans son peuple leur sang. Les fiertés de ces traditions vivaient en elle quand elle se donna à la France, non pour perdre son indépendance, mais pour l’unir aux destinées du peuple qu’elle sentait être davantage le sien. Dans cette France même elle a continué son rôle historique : elle est demeurée le lieu de rencontre et de fusion entre les diversités de climat et de mœurs. Jusque-là le Midi étend la transparente profondeur de son éther, souffle sa chaude haleine,

  1. Voyez la Revue des 15 août, 1er septembre et 1er octobre.