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réservé aux nains normaux reste inoccupé, l’on n’aura d’autre ressource que d’y loger cette race de Pygmées que les anciens plaçaient au cœur de l’Afrique et que les voyageurs modernes y ont en effet retrouvée. Il serait absurde d’imaginer que ces populations pourraient être, dans leur totalité, des races de malades indéfiniment perpétuées. Elles sont donc normalement constituées, et, si elles méritent la qualification de nains, on pourra dire qu’elles sont les véritables et les seuls représentans du nanisme normal, parfait. Mais on n’a pas le droit de leur attribuer cette qualité : ces pseudo-nains ne satisfont pas aux obligations de la définition, puisqu’on ne connaît pas le type amplifié dont ils sont la forme réduite et que l’on ne peut confronter ces êtres minuscules à l’être semblable, de stature ordinaire, dont on les suppose dérivés.

Accordons, par conséquent, aux médecins, cause gagnée sur ce point : Le nain sans tache, sans tare pathologique, sans irrégularité de développement est à peu près un mythe. Les plus normaux, parmi ceux que la réalité nous offre, sont le produit d’un arrêt de développement. Ce sont des enfans qui ont vieilli sans grandir. Ils relèvent de l’infantilisme, c’est-à-dire d’un trouble de la fonction de croissance ou d’évolution. — Ce n’est pas encore là un domaine qui appartienne à la médecine. L’infantilisme est une anomalie embryogénique, ce n’est pas une maladie cataloguée.

La médecine retrouve plus loin sur un terrain incontesté ses véritables cliens. Ce sont d’abord les nains achondroplases, presque sains ou n’ayant subi qu’une viciation évolutive parfaitement compatible avec la vie normale. Quelques auteurs, et spécialement A. Poncet, vont jusqu’à négliger leur malformation et à les considérer comme un groupe sans tare, ayant la valeur d’un groupe ethnique. — La frontière incontestablement pathologique serait plus loin : c’est dans cet au-delà qu’on trouve les vrais malades, les rachitiques, les myxœdémateux, et enfin les avortons de quelques diathéses héréditaires, comme la syphilis.

En résumé, on peut distinguer trois catégories de nains qui figurent, en quelque sorte, trois degrés du nanisme. La première comprend les