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VILLA ALDOBRANDINI


Dans l’antique villa, sous les vieux chênes verts
Où fleurit le laurier, où renaît la pervenche,
L’eau des montagnes fuit sans fin, rapide et blanche,
Et de narcisses d’or les prés se sont couverts.

Le bosquet, sur lequel ont pleuré tant d’hivers,
S’incline au bord de la terrasse où je me penche ;
La brise qui l’agite écarte mainte branche
Et toute la beauté du jour luit à travers.

On dirait qu’une immense et sublime harmonie
Tombe du ciel profond sur ta plaine infinie :
Je vois la mer lointaine, au grand soleil du soir,

Dans la brume briller comme un trait de lumière,
Et sur les champs romains, tel qu’un céleste espoir,
Planer en plein azur le dôme de Saint-Pierre.


PRINTEMPS LUMINEUX


L’ardent soleil rayonne au loin sur la bruyère,
La mer sourit dans la lumière
Au vent vif, aux oiseaux légers ;
Voici parmi les fleurs blanches, les fleurs vermeilles
Un bruit d’abeilles
Dans les vergers.

Les oliviers, qu’en les touchant la brise argente,
Effleurent d’une ombre changeante
Les verts épis des jeunes blés ;
Les papillons errans, ailes fraîches écloses,
Aux champs de roses
Sont rassemblés.