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POÉSIES


Aux Disparus


Ô frères plus nombreux que nous,
Foule immense, armée infinie,
Mer aux mystérieux remous

Dont, pendant nos nuits d’insomnie,
Nous écoutons monter les flots,
Juges qu’on ignore ou qu’on nie,

Pâles témoins dont les yeux clos
Lisent jusqu’au fond de notre être,
Vous qu’implorent tant de sanglots,

Ou qu’on tremble de voir paraître,
Chers souvenirs, esprits jaloux,
Voix dont la douceur nous pénètre.

Ou fantômes pleins de courroux…
Votre heure en vain semble passée,
O frères, plus puissans que nous !