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mer à port russe d’une autre mer. Cette loi devait entrer en vigueur le 1er janvier 1900. Mais, par ukase du 8 octobre 1899, les navires étrangers furent autorisés, à titre exceptionnel et temporaire, à transporter, jusqu’au 1er janvier 1901, les marchandises des ports de la Russie d’Europe à ceux de la Russie d’Asie. Cette dérogation partielle fut motivée par les événemens d’Extrême-Orient et l’accumulation des bouches dans le territoire de l’Amour. La loi sur le cabotage lointain est un des actes essentiels de la législation maritime russe. Elle contribua beaucoup à l’accroissement qui se fit sentir dans le nombre et le tonnage des navires composant la flotte de commerce de la Russie. A la suite de son entrée en vigueur, on vit se fonder des sociétés nouvelles, telles que l’Asie orientale, et d’anciennes Compagnies inaugurer de nouveaux services, en vue de relier entre eux les ports russes de la Baltique, de la Mer-Noire et du Pacifique[1]. La guerre est malheureusement venue enrayer ce mouvement, avant qu’il eût pu prendre encore des proportions bien sérieuses.

Un an ne se passe pas, sans que nous ayons à enregistrer un nouvel acte de l’initiative impériale. Une loi, qui porte la date du 27 mai 1898, autorise, pour dix ans à partir du 1er juillet de la même année, l’importation en franchise des embarcations de mer en fer, importées toutes montées de l’étranger et destinées à la navigation sur les mers extérieures. La même franchise est étendue aux dragues à chapelets et aux dragues automatiques à vapeur, aux bateaux brise-glaces, aux docks flottans, ainsi qu’aux bâtimens achetés pour la navigation sous pavillon russe sur le Danube. Sont enfin dégrevés de tout droit d’entrée, pour la même période, les ancres, chaînes et écoutes en fils métalliques, importées en vue de l’armement et du gréement des navires à voiles. Cette loi, bien que rien ne l’indique dans sa rédaction, ne s’applique, paraît-il, qu’aux navires destinés au cabotage. Pour qu’elle devînt réellement efficace, il faudrait, comme le suggère la revue[2] du grand-duc Alexandre, qu’elle s’appliquât également aux navires de long cours.

  1. L’Empereur a approuvé, par exemple, le 11 avril 1900, les statuts d’une Société au capital de 2 000 000 de roubles, appelée l’Océan, qui se proposait d’entretenir des communications entre les ports de la Russie d’Europe et ceux de la Russie d’Asie.
  2. La Mer et la vie maritime, n° 5, février 1902 : Considérations sur le développement des constructions navales pour la flotte de commerce en Russie.