Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/625

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que l’industrie du naphte et l’invention des bateaux-citernes ont donné à la navigation sur la Caspienne et sur le Volga. Mais c’est là une navigation qui intéresse surtout le commerce intérieur de la Russie et qui, malgré son importance, reste sans conséquence, au point de vue international.

Le rôle du Pacifique, dans le mouvement maritime de l’Empire russe, était encore des plus modestes, au moment où la guerre éclata. Bien que la Russie fût installée sur les bords de cet océan depuis plus d’un demi-siècle, il y a relativement peu de temps qu’elle s’était mise à y faire acte de puissance maritime et commerçante. Les voyages réguliers des navires de la Flotte volontaire, la récente organisation du Service maritime de l’Est-Chinois, l’aménagement du port de Vladivostok, la création, de celui de Dalny, n’avaient pas encore donné à la navigation sous pavillon russe une grande activité, dans les parages du Pacifique. La statistique publiée par la Direction générale de la marine marchande n’indique, comme étant attachés aux ports de cette mer, au 1er janvier 1902, que 27 navires de nationalité russe, dont 20 vapeurs, ne jaugeant même pas 12 000 tonnes.

Les marines marchandes étrangères et les Compagnies russes de la Mer-Noire apportaient, il est vrai, quelque activité dans les ports russes du Pacifique ; mais cette activité était encore peu considérable. Le mouvement général de ces ports n’a atteint, en 1900, entrées et sorties comprises, que 1 802 navires, moins que la Mer-Blanche, et 2 363 813 tonnes. Sur ce nombre, Vladivostok absorbait 1169 476 tonnes, chiffre qui le place au treizième rang des ports russes, juste avant Arkhangelsk. Encore la construction du Transsibérien et du Transmandchourien provoquait-elle une augmentation sensible du trafic. Enfin, obéissant au besoin qui leur fait une loi de descendre toujours, du Nord au Sud, d’Okhotsk à Nicolaievsk, puis à Vladivostok, puis à Dalny, les Russes se disposaient à transporter dans ce dernier port le siège de leur puissance maritime dans le Pacifique.

Les deux bassins les plus importans à tous égards, les deux seuls qui soient le centre d’un trafic véritablement actif et réellement international, sont ceux de la Baltique et de la Mer-Noire. A eux deux, ils absorbent 96 pour 100 du mouvement commercial de tous les ports russes.

Au début du XIXe siècle, la Baltique accaparait à elle seule la presque-totalité des exportations et des importations maritimes