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UNE
RÉVOLUTION DE PALAIS
EN L’AN 1042 Á BYZANCE

Dans la soirée du 15 décembre de l’an 1025, était mort au Grand Palais Sacré de Constantinople, après plus de soixante années de règne, le grand basileus Basile, second du nom, connu dans l’histoire sous le nom de Bulgaroctone ou « le tueur de Bulgares, » peut-être le plus glorieux des empereurs de Byzance, successeurs de Constantin et de Justinien, certainement le plus glorieux de ceux de la longue et brillante dynastie macédonienne. Les deux illustres tuteurs de ses jeunes ans, Nicéphore Phocas et Jean Tzimiscès d’abord, lui-même ensuite, durant plus de quarante années, par d’incessantes et terribles guerres contre les Russes, les Bulgares, les Arabes d’Afrique et d’Asie, les Arméniens, les Géorgiens, les Normands d’Italie, avaient à tel point relevé le prestige de l’empire byzantin, en reportant à nouveau ses frontières jusqu’au Danube d’une part, au Caucase et à l’Euphrate de l’autre, que jamais, depuis Justinien, la puissance de ce vaste État n’avait été plus grande.

Malheureusement cet énergique souverain ne laissait pas de fils. Son frère puîné, le faible et insignifiant Constantin VIII, qui avait régné dans l’ombre à ses côtés, toute sa vie durant, et qui lui avait succédé seul à un âge avancé, n’avait fait que passer sur le trône. Il était mort, lui aussi, dès le 11 novembre de l’an 1028, après avoir déjà commencé par sa mauvaise