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annuellement 113 000 roubles, pour trois services hebdomadaires d’Odessa à Sébastopol, Ismaïl et Reni-Klodovo. Cette compagnie a été mise en liquidation, l’année dernière, et une administration d’État, la « Direction générale de la navigation marchande et des ports de commerce, » dont nous parlerons dans un prochain article, a été autorisée à faire l’acquisition de tout l’inventaire de la Société qui disparaît, afin d’entretenir un service de navigation russe sur le Danube. A cet effet, la « Direction générale de la marine marchande » recevra, durant dix ans, une subvention annuelle de 313 180 roubles. Il lui est alloué en outre 1 000 000 de roubles pour l’acquisition de nouveaux navires. On remarquera les sacrifices considérables que l’Etat s’impose pour organiser sur le Danube un service de navigation digne du pavillon russe. L’ancienne Société ne battait que d’une aile : l’État la met en liquidation, lui achète tout son matériel, se substitue à elle pour l’exploitation de ses lignes, et triple les sacrifices qu’il faisait pour leur entretien. Avant ces dernières innovations, le total des subsides annuels accordés par le gouvernement russe à des Compagnies de navigation à vapeur s’élevait à peu près à 2 500 000 roubles.

Le gouvernement russe ne subventionne jusqu’à présent aucune Compagnie de navigation dans la Baltique. Estime-t-il que le commerce de ces côtes offre aux armateurs assez d’élémens de gain pour qu’ils puissent se passer du secours de l’Etat ? ou bien ne voit-il qu’un intérêt secondaire à ce que son pavillon y soit représenté ? Toujours est-il qu’il n’existe dans la Baltique, en fait de Compagnies russes, que des entreprises non subventionnées.

Nous étudierons, dans un prochain article, le rôle des différens bassins (Mer Blanche, Baltique, Mer-Noire, Pacifique), dans le mouvement maritime de la Russie, les chantiers de constructions navales, la composition des équipages, la main-d’œuvre des ports ; nous jetterons un coup d’œil d’ensemble sur la flotte de commerce russe ; nous rechercherons les causes de son insuffisance et nous examinerons enfin ce qui a été fait en vue de la développer.


J. CHARLES-ROUX.