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661 passagers de 1re classe et 7 075 émigrans. A la suite d’accords intervenus en 1898 avec les gouvernemens russe et chinois, le Service maritime de l’Est-Chinois inaugura des lignes régulières : au nord de Vladivostok, sur la mer d’Okhotsk, le golfe de Pierre-le-Grand et le détroit de Tartarie ; au sud de Vladivostok, sur les ports japonais, coréens, russes et chinois de Nagasaki, Tchemoulpo, Fousan, Gensan, Port-Arthur, Dalny, Tche-fou et Shanghaï. Cette année, le chemin de fer se proposait d’organiser, une fois par semaine, un train express jusqu’à Dalny ; deux vapeurs rapides devaient attendre dans ce port la poste et les voyageurs, et appareiller immédiatement à destination de Nagasaki et de Shanghaï. C’est donc par le port de Dalny, où l’on poursuivait activement la construction et l’aménagement de locaux pour les voyageurs et les marchandises, que devait s’effectuer la jonction du Transsibérien avec le service maritime russe du Pacifique.

Le gouvernement russe était bien décidé à n’épargner ni l’argent, ni la peine pour faire de Dalny un port de premier ordre, un des grands entrepôts du commerce d’Extrême-Orient. Un plan, largement conçu, activement entrepris, avait commencé à recevoir une prompte et intelligente exécution.

La baie que les Russes ont appelée Dalny, c’est-à-dire « très éloigné, » « lointain, » est un des plus beaux ports en eau profonde du Pacifique, libre de glaces, accessible à marée basse, sans le secours d’un pilote, aux navires d’un tirant d’eau de 30 pieds. C’est là qu’avaient surgi, par ordre de l’Empereur, en l’espace, de trois ans, une cité et un port qui semblaient promettre le plus bel avenir. Cinq grandes jetées, construites sur des blocs de 20 à 50 tonnes, larges de plusieurs centaines de pieds, devaient s’étendre d’un quart à un demi-mille en avant des quais. Chacune devait être munie de rails, de magasins, d’élévateurs, de prises de gaz, d’électricité et d’eau. La première avait été terminée en juillet 1901, la deuxième à la fin de 1902. Entre ces jetées devaient s’élever des docks, pour toutes les marines du globe : ceux de la marine chinoise devaient être établis à part, sur un emplacement réservé. On construisait un brise-lames, permettant aux navires de procéder en tout temps aux opérations de chargement et de déchargement. Deux dragues fabriquées à Glasgow, ayant coûté chacune 38 000 livres sterling, approfondissaient le port, dont la profondeur devait varier entre