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constitution d’une Société par actions, sous le nom de « Société du chemin de fer de l’Est-Chinois. » Cette Société entreprit la construction de la ligne dite de l’Est-Chinois, qui relie le Transsibérien proprement dit au port de Vladivostok, à travers la Mandchourie, Deux ans après, en 1898, la Russie se fit céder à bail par la Chine la presqu’île de Liao-Toung, avec les ports de Talien-Ouan et de Port-Arthur, et la Société de l’Est-Chinois fut autorisée à diriger un embranchement de sa ligne sur Port-Arthur et sur le nouveau port de Dalny, qu’on avait décidé de créer dans la baie de Talien-Ouan. La Société et le gouvernement se convainquirent bientôt que le succès de leurs projets dépendait en grande partie de la régularité des communications entre Vladivostok, les nouveaux ports du Liao-Toung et certains ports de la Chine et du Japon. La construction de l’embranchement sur Port-Arthur augmentait les occasions de transport par mer ; les ressources locales étaient dans l’impossibilité d’y suffire ; les frets s’élevaient. Ces faits servirent de preuve à la Société que l’organisation d’un service maritime en Extrême-Orient s’imposait.

Il n’existait qu’une seule Compagnie russe faisant le service entre les ports de Sibérie et ceux de Corée, de Chine et du Japon : c’était celle du conseiller de commerce Schevelef, qui recevait une subvention de 111 000 roubles par an, pour entretenir ses lignes, et ne pouvait faire face à de plus grandes exigences. La Société de l’Est-Chinois lui acheta son monopole et son matériel, et organisa un service maritime ayant pour objet de servir d’auxiliaire à la grande entreprise du Transsibérien. Elle se proposa de relier les ports du littoral sibérien entre eux et avec ceux du Liao-Toung, de la Corée, du Japon et de la Chine ; de mettre Vladivostok en communication avec les mers d’Okhotsk et de Behring ; d’assurer le transport des matériaux et du personnel nécessaires à la construction du chemin de fer ; de relier, après l’achèvement de la ligne, les stations terminus Vladivostok et Dalny avec les principaux ports de Chine, du Japon et de Corée, et de transporter la poste, les voyageurs et les marchandises.

La Société forma sa flotte de vapeurs achetés aux chantiers de construction et aux Compagnies de navigation d’Allemagne, d’Angleterre, d’Autriche et d’Extrême-Orient. Au 1er janvier 1902, cette flotte se composait de 18 vapeurs de haute mer, ayant une capacité de chargement de 24 146 tonnes et pouvant embarquer