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considérables ; elle avait fait construire de nouveaux navires ; un naufrage lui en avait fait perdre un. Les résultats de l’exploitation n’étaient pas satisfaisans. La haute protection de son président d’honneur, devenu l’empereur Alexandre III, et la grande influence de son président effectif, M. Pobiedonotzef, auprès de ce souverain, lui permirent de se tirer de cette crise (1883). Une subvention fut accordée à ses bateaux par mille parcouru ; un subside extraordinaire lui fut alloué pour l’achat d’un nouveau navire ; enfin elle passa sous la surveillance du ministre de la Marine, qui devint son président de fait. Un règlement élaboré par le Conseil de l’Empire (1886) détermina la nature de ses services[1], le montant de la subvention qu’elle recevrait[2], et apporta quelques modifications à son administration. La Flotte volontaire fut considérée comme une « entreprise industrielle et de transport appartenant à l’État. » L’ancienne Société fut dissoute et passa la main à un nouveau comité.

La nouvelle Société commença l’exploitation avec sept navires, représentant un capital de 4 200 000 roubles. Elle se préoccupa d’abord d’étendre son champ d’action et d’ajouter de nouvelles cordes à son arc : elle multiplia les voyages d’essai, elle envoya ses navires un peu dans toutes les directions, au Brésil, en Amérique du Nord, au Japon, sur les côtes de France, de Belgique et de la Baltique. Ces essais ne donnèrent pas d’excellens résultats et l’on en revint aux lignes primitives d’Extrême-Orient, qu’on se borna à améliorer par une exploitation plus méthodique et plus pratique. Elles constituaient encore, à la veille de la guerre actuelle, le principal élément d’activité de la Flotte volontaire. Cependant, depuis l’achèvement du Transsibérien et la loi sur le « cabotage lointain, » cette Compagnie fut amenée à se préoccuper de deux faits : la diminution du nombre des passagers et la concurrence résultant de la création de nouvelles Compagnies russes. En effet, le Transsibérien lui enlevait déjà un grand nombre de passagers ; d’autre part, la loi qui réserve le cabotage lointain au pavillon russe avait fait surgir de nouvelles Compagnies qui étaient dans de meilleures conditions pour lutter avec elle. C’est sans doute à ces préoccupations que

  1. Sept voyages au moins par an entre Odessa et Vladivostok.
  2. 4 roubles 25 kopecks par mille parcouru, sans pouvoir dépasser 600 000 roubles par an.