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l’endroit du pouvoir civil. On se rappelait aussi les difficultés qu’il avait suscitées à l’hermésianisme naissant ; et l’on ne pouvait espérer que cette doctrine, récemment condamnée, lui parût plus tolérable qu’au temps où elle n’était encore que discutée. Mais on était heureux, en le poussant vers un archevêché, de complaire à la vieille aristocratie westphalienne, dont il était membre ; et puis, le sachant âgé, on le croyait fatigué. Il passait pour un saint homme, et les bonnes sœurs, en Westphalie, pleuraient son départ ; c’était une âme recueillie, qu’attirait la dévotion des cloîtres ; ses sollicitudes de coadjuteur s’étaient dépensées pour ces pieuses institutions. L’on avait confiance, à Berlin, que les questions qui troublaient la terre, — mariages mixtes, instruction des clercs et autres litiges, — seraient pacifiquement écartées par ce vieillard ; et Altenstein, au moment de son élévation, lui demanda tout simplement d’adhérer à la convention de 1834, conforme, disait-il, au bref papal de 1830. Droste adhéra, « conformément au bref, » et le gouvernement fut tranquille : cet archevêque ne songeait qu’au ciel !

Mais Droste eut l’idée de lire les textes : il rapprocha le bref de la convention, et reconnut l’incompatibilité ; il sentit qu’accepter la convention, c’était agir, non conformément, mais contrairement au bref, et fit savoir, avec importunité, qu’il n’adhérait à l’acte signé de Spiegel qu’autant que le permettait l’acte antérieur signé de Pie VIII. On vit tout de suite, à Berlin, qu’on ne pouvait lui fermer la bouche ; alors on résolut de se fermer les oreilles, de le laisser parler dans le vide, avec l’espoir que, pratiquement, il agirait comme ses collègues. Mais Droste, au contraire, agissait comme il parlait, et, se référant au Pape comme un officier se réfère à son supérieur, il invoquait sa consigne, telle que la définissait le bref. Il fuyait négociations et discussions ; il avait ses ordres, et ce n’étaient point ceux du roi de Prusse : il sentait sa responsabilité devant Dieu. Cet archevêque ne songeait qu’au ciel !

Il fit pour la doctrine d’Hermès comme pour la question des mariages mixtes : il regarda le texte venu de Rome. Le bref de Grégoire XVI sortit des cachettes où l’avait relégué le vicaire capitulaire Hüsgen : peu soucieux des voies par lesquelles était parvenu ce document, et de l’opinion qu’on en avait à Berlin, Droste le lut et le fit lire. Les professeurs de Bonn furent invités à s’y soumettre ; les étudians en théologie, à déserter les maîtres