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auront intérêt à réduire le nombre des ouvriers chômeurs. Notez que, si l’ouvrier a son existence assurée, même en cas de grève, rien ne lui sera plus facile que de mettre le capital en échec. Les députés socialistes exigeront donc, dans tous les Parlemens, un système complet d’assurances, sous l’administration des assurés. Le parti socialiste de France, d’accord avec les syndicats, a fait voter par le Congrès une résolution qui écarte tout prélèvement sur le salaire des ouvriers pour alimenter les caisses d’assurances.

La politique coloniale est, à tous les Congrès, comme à la Chambre des députés de Hollande, dont il fait partie, l’affaire de Van Kol, riche Hollandais, propriétaire à Java, qui connaît, autrement que par ouï dire, l’exploitation coloniale. Il est certain que, dans les colonies, les peuples chrétiens ont une singulière façon d’interpréter l’Evangile. Van Kol reconnaît toutefois le droit des peuples supérieurs à coloniser, à élever les peuples barbares à la civilisation, et il distingue la colonisation capitaliste et ses brigandages, de la colonisation socialiste, dont il prend soin de fixer les règles… futures.

Un Anglais, Hyndman, dénonce l’infamie du système capitaliste dans les colonies anglaises. Dababhai Naorop, de la religion des parsis, membre de la délégation socialiste d’Angleterre à Amsterdam, petit vieillard de quatre-vingts ans, combat vainement, depuis cinquante années, pour l’affranchissement de ses compatriotes du joug des Anglais dans l’Inde. Un fonctionnaire de l’administration de l’Inde nous expliquait un jour la politique anglaise à l’égard des Hindous : We squeeze them, nous disait-il, et il faisait le geste d’exprimer un citron et d’en jeter l’écorce. Dababhai Naorop demande que les Hindous s’administrent eux-mêmes sous la suprématie de l’Angleterre : par-là ils échapperont aux horreurs de la famine. Et le Congrès approuve ;… il ne reste plus qu’à obtenir le consentement du gouvernement britannique.

Le bureau du parti socialiste international avait mis à l’ordre du jour du Congrès la question des Trusts. Rien, cependant, ne touche de plus près les socialistes que l’énorme développement des Trusts. Par la concentration des entreprises, les Trusts écartent la concurrence, règlent la production. Supposez les Trusts du pétrole, du sucre, de l’acier, de la viande, de la navigation, etc., expropriés par l’Etat qui les administrerait au profit