Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 23.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la taille d’après la mensuration des os longs est une opération assez précise pour permettre de contrôler les assertions des historiens et des géographes. Les historiens, même les plus précis, Hérodote, César et Strabon, ont pu exagérer la taille des populations dont ils parlent. Ce qui est advenu aux navigateurs et aux explorateurs du XVIIIe siècle, à propos des Patagons, dont la taille a été évaluée par les uns à 6 pieds et par les autres à 7 et demi ou plus, tous parlant d’individus qu’ils ont vus, est bien fait pour nous mettre en garde contre les surprises de l’œil et mieux encore contre celles de l’imagination.

D’ailleurs les chiffres fournis à propos de ces Burgondes de la Bresse, en font encore une race d’assez haute taille. Leur stature est encore de 16 millimètres, c’est-à-dire de près de 2 centimètres, supérieure à la taille moyenne du Français de notre temps. Or, une différence de ce genre n’est pas négligeable. Elle impressionne l’œil d’une façon très satisfaisante. Elle répond à la différence des jugemens que nous portons, lorsque nous disons d’un homme qu’il est moyen ou qu’il est grand. Et, par exemple, nous disons des Sardes qu’ils sont petits, et des Belges qu’ils sont grands, alors que la moyenne de stature des uns et des autres ne diffère de la nôtre que de deux centimètres en plus ou en moins.


La conclusion générale des études que nous avons brièvement résumées ne peut être que la répétition de la conclusion de chacune d’elles. — Les ossemens de l’homme primitif, de l’homme préhistorique et, enfin, de l’homme historique, interrogés, ont répondu que sa stature n’avait pas éprouvé de changemens appréciables au cours des temps. Ils n’ont point montré de traces d’une dégénérescence évolutive. Hommes d’aujourd’hui, nous ne sommes pas une postérité amoindrie, et nous pouvons repousser l’injure du poète, « que nous sommes des nains à côté de nos pères. »


A. DASTRE.