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vague, d’autres installées dans une tour d’où l’on a un coup d’œil étendu à la fois sur la plage et les villas des environs. Ce n’est pas tout, et, parmi celles qui sont tournées vers le rivage, chacune a son mérite particulier, selon que l’on désire voir la mer de toutes les fenêtres ou l’entendre sans la voir ou la voir sans l’entendre. Quelle recherche ! Et quels goûts capricieux à contenter !

Mais que dire maintenant des autres pièces, des pièces ordinaires ? L’énumération en serait fastidieuse. Comme dans les maisons de Pompéi, plus encore que dans les maisons de Pompéi, car la place à la campagne est moins mesurée qu’à la ville, on en trouve qui répondent à toutes les saisons, à tous les jours de la saison, à toutes les heures, presque, de la journée. Deux choses, dans la construction d’un logement, préoccupent surtout les anciens, et Pline décrivant ses villas ne se lasse pas d’y revenir : l’orientation et la vue, le plus ou moins de soleil ou de fraîcheur qu’une pièce reçoit, et la variété des aspects que présente chaque fenêtre. D’où nécessité de multiplier les chambres d’un même bâtiment ; nécessité aussi de multiplier les bâtimens séparés, pour avoir beaucoup d’expositions et de vues différentes. Tel pavillon contient trois pièces distribuées de telle sorte qu’en passant de l’une à l’autre on peut suivre le soleil à mesure qu’il tourne, ou au contraire, selon ses préférences, gagner à l’opposé quelque chambre déjà envahie par l’ombre. Il y a mieux, et il faut songer à ceux qu’un dérangement incommode ; il faut pouvoir, sans changer de place, avoir le soleil à tous les momens du jour ; on dispose donc une pièce en abside, et, grâce à cette forme circulaire, les rayons pénètrent sans cesse par une ouverture ou par l’autre. Aussi est-ce dans une chambre de cette sorte que Pline demeure le plus volontiers : une armoire, ménagée dans le mur en façon de bibliothèque, est soigneusement approvisionnée de ces livres qu’il aime à lire et à relire.

Ajoutez à ce qui précède des portiques et des cryptoportiques, c’est-à-dire des galeries ouvertes ou des galeries fermées, sur les côtés, par des vitres qui protègent du vent et de la pluie, sans nuire à la vue, les unes et les autres d’ailleurs étant exposées soit au Nord, soit au Midi, recevant la chaleur ou gardant une fraîche température. Ajoutez des tours à plusieurs étages qui donnent, avec l’agrément d’un plus large horizon,