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Comme nous étions précisément en pleine course, parmi le hennissement des chevaux, les cris des Cosaques, l’étincellement des armes, nous voyons une bande de gens, qui s’étaient tenus cachés dans une bordure d’arbres, s’enfuir vers les bois éloignés. Il est clair qu’ils nous croient à leur poursuite, et ils se sauvent en désordre. J’apprends plus tard que c’est une bande de ces Khounkhouzes, qui sont la terreur du pays depuis nombre d’années. Ils ont enlevé, il n’y a pas longtemps, le Directeur du chemin de fer de l’Est-Chinois, M. Wetzel, dont la triste aventure a été rapportée en détail dans les journaux. Il fut entraîné dans l’intérieur, soumis à des tortures atroces, et il faillit perdre la raison avant que sa rançon n’arrivât.

Si mes Cosaques n’avaient pas fait halte aux villages, bu tout le long de la route et finalement joué cette partie de steeple, mon voyage aurait fini d’une autre manière. Grâce à notre élan et à l’allure furieuse de notre approche, nous effrayâmes ceux qui allaient tomber sur nous. S’ils nous avaient vus trotter tranquillement le long de la grande route, ils nous auraient attaqués ; et je puis ainsi conclure, avec le proverbe bien connu, que « tout nuage a son pli d’argent. »


Cte VAY DE VAYA ET LUSKOD.