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Société d’escompte provinciale, créée en 1872, afin d’étendre l’action de la Diskontogesellschaft d’une façon indirecte dans l’intérieur du pays ; on avait absorbé plusieurs vieilles maisons de banque, mais l’heure était mal choisie ; c’était à la veille du krach : il y eut une gestion insuffisante dans plusieurs endroits et la société provinciale dut liquider. Plus récemment, on a subi des mésaventures avec la République Argentine, avec le Venezuela[1], avec le Brésil ; si fâcheux qu’aient été ces accidens, ils forment l’exception et grâce aux réserves cachées de la Société d’Escompte, les pertes ont pu être amorties sans laisser de traces durables. A côté d’échecs en somme assez rares, les annales de la Diskontogesellschaft comptent un plus grand nombre d’opérations brillantes et fructueuses. L’institution fondée par David Hansemann a fait de grandes affaires avec l’empire d’Allemagne, avec la Prusse, avec la Russie, avec l’Autriche, avec la Hongrie, avec la Roumanie ; elle a coopéré à la fondation de chemins de fer en Allemagne et à l’étranger jusqu’en Chine, elle a aidé à établir des banques au Chili, dans l’Argentine, à créer une banque asiatique. Elle n’a pas été atteinte dans son prestige par la crise qui a sévi avec tant d’acuité en Allemagne en 1900 et en 1901 : elle a contribué avec les grandes institutions financières, au premier rang desquelles s’était mise résolument la Reichsbank, à atténuer les difficultés et à soutenir ce qui méritait de rester debout.


ARTHUR RAFFALOVICH.

  1. La plus importante des réclamations financières allemandes vis-à-vis du Venezuela a été celle de la Diskontogesellschaft ayant trait au chemin de fer de Caracas à Valencia. Les frais de construction de ce chemin de fer, qui fut achevé en 1894, s’élevèrent finalement à plus de 60 millions de marks au lieu de la somme de 27 millions de marks que l’on avait prévue. On a dû procéder à la construction de 89 tunnels et de 215 viaducs et ponts ; l’entrepreneur rencontra tant de difficultés et eut à faire face à tant de dépenses qu’une compagnie anglaise qui avait eu l’intention de construire une ligne concurrente entre Capna et Valencia, abandonna ce projet. La ligne a un parcours total de 180 kilomètres entre Caracas et Valencia. Comme le fait observer l’auteur d’un article intéressant, paru dans le Zukunft, on aurait de la peine, même dans un pays très peuple, à tirer des bénéfices d’une voie ferrée ayant un parcours total de 180 kilomètres et dont les frais de construction se seraient chiffrés à plus de 62 millions de marks. Or, le chiffre de la population du Venezuela ne dépasse guère 2 millions de personnes. Dans le dernier rapport de la Diskonlogesellschaft, au sujet du chemin de fer, on se borne à annoncer que les frais d’exploitation dévorent la plus grande partie des recettes brutes. Le gouvernement vénézuélien avait garanti 7 pour 100 sur le capital qui fut dépensé dans cette entreprise. Le chemin de fer était à peine construit quand la révolution interrompit les paiemens du gouvernement vénézuélien.