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se laisser séduire par l’emballement général ; avoir soin de munir la Société d’Escompte de ressources disponibles pour parer à toutes les éventualités, et néanmoins éviter toute anxiété exagérée notamment avec ceux dont les affaires sont solidement conduites.

La crise de 1857 qui, partie des États-Unis, s’était abattue sur l’Angleterre et avait fait des ravages en Allemagne, notamment à Hambourg, prouva la justesse des prévisions et des conseils de Hansemann. La situation était compliquée à Hambourg, qui avait une monnaie de compte spéciale ; on y redoutait une véritable disette de numéraire, tandis qu’en Prusse on craignait la répercussion des faillites hambourgeoises. Le ministre du Commerce von der Heydt en conféra avec le gérant de la Société d’Escompte, qui lui soumit un projet permettant d’escompter les effets sur Hambourg à un change fixe et pour lequel il promettait le concours de son établissement. Le Sénat de Hambourg refusa d’accepter les propositions de Hansemann, parce qu’elles portaient atteinte à l’autonomie du régime monétaire ; il demanda à la Prusse de lui prêter de l’argent non monnayé, qui pût servir de contre-partie à la Mark Banko. La Prusse refusa ; le secours nécessaire fut obtenu à Vienne, où l’on était au régime du papier-monnaie, et où l’on avait un gros stock de lingots d’argent ; la Banque nationale autrichienne prêta 10 millions Mark Banko à 6 pour 100 à l’État de Hambourg, jusqu’au 31 décembre 1858. Un train spécial, parti de Vienne, amena le métal le 15 décembre 1857 à Hambourg : la situation était sauvée, l’Autriche y gagna en popularité, tandis qu’on se plaignit de l’égoïsme et de l’étroitesse de vues de la Prusse.

Depuis 1857, Hansemann avait acquis un collaborateur ; son fils aîné Adolphe céda sa fabrique de draps à son frère cadet et entra comme gérant dans la Société d’Escompte. Il est étonnant que, jusqu’à sa mort en 1864, il n’ait pas été possible de trouver le troisième gérant, et de compléter ainsi le nombre minimum, prévu par les statuts.

Parmi les principales affaires de la Société d’Escompte, jusqu’en 1864, il faut placer la participation aux emprunts de l’Etat : en 1859, la Prusse dut contracter un emprunt de 30 millions de thalers pour couvrir les frais de la mobilisation ; le ministre des Finances chargea Hansemann de constituer un syndicat des premières maisons de Berlin, qui prendraient ferme