institutions similaires ; les promoters, comme on dit aujourd’hui, cherchaient à obtenir le concours de la Société d’Escompte ; les fonctionnaires du ministère des Finances recommandèrent même l’idée d’une institution prussienne de crédit pour favoriser le commerce, l’industrie et l’agriculture. Hansemann se tint sur la défensive ; dans une lettre qu’il écrivit à la direction de sa société le 17 février 1856, il fit ressortir les dangers de la manie du jour pour les actions, manie qui était la principale source de bénéfices du Crédit mobilier français et de la Banque de Darmstadt : « Ces sociétés sont exposées à un double péril ; tout d’abord, les actions peuvent être poussées à des cours qui correspondent aux bénéfices extraordinaires du moment, mais non pas au développement normal des affaires ; ces cours exagérés peuvent entraîner à des entreprises très risquées ; en second lieu, les membres de l’administration peuvent être tentés de conserver pour eux-mêmes la majeure part dans les affaires qui semblent bonnes et lucratives ; d’autre part, lorsque d’autres opérations doivent être faites par leurs compagnies, bien qu’elles ne soient pas commercialement avantageuses, il y a le danger que les administrateurs ne se montrent philanthropes aux dépens de leurs actionnaires. » C’était indiquer avec beaucoup de clairvoyance et de netteté, à une époque où l’on ne possédait pas l’expérience qui a été acquise depuis lors, deux des vices inhérens aux sociétés financières. Que de désastres sont dus aux aventures courues par les directeurs, afin de maintenir le bénéfice, le dividende, le cours des actions au niveau des années de prospérité ! et combien de fois n’a-t-on pas essayé de passer aux actionnaires les entreprises de moindre qualité alors qu’on se réservait les meilleures !
Hansemann mettait ses collègues en garde contre le revirement inévitable, contre la crise, dont il signalait les prodromes. Il indiquait la passion du jeu dans toutes les classes de la société, les achats de valeurs faits uniquement en vue du bénéfice sur la revente. Le capital existant en Prusse ne suffisait pas pour absorber toutes ces valeurs nouvelles, qui venaient sur le marché. La conclusion à laquelle arrivait le gérant de la Société d’Escompte, c’est qu’il fallait redoubler de prudence, surveiller les affaires de ceux dont on prenait le papier ou auxquels on ouvrait des crédits, limiter le chiffre des avances, ne pas craindre de donner des avertissemens aux cliens qui étaient sur le point de