Page:Revue des Deux Mondes - 1904 - tome 22.djvu/916

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de moyens de paiement. Hansemann mit 3 millions de thalers à la disposition de la Banque de Prusse, favorisa la création d’une banque municipale d’émission à Breslau. Il fut lui-même une victime de la tourmente : son ancien associé Stoltenhoff, auquel il avait confié 70 000 thalers de commandite, s’était lancé dans des spéculations en céréales et en actions non libérées, malgré les avertissemens réitérés qu’il lui avait donnés. Dès sa nomination comme ministre, Hansemann intima à la maison Stoltenhoff d’avoir à liquider tous les engagemens de spéculation ; il en résulta la ruine. Hansemann y perdit son capital ; il chargea de ses intérêts son fils aîné Adolphe, alors âgé de vingt-deux ans, dans la fabrique de drap duquel il était intéressé et, qui, en quelques années, reconstitua le capital perdu chez Stoltenhoff.

Le ministre des Finances avait trouvé 15 millions de thalers dans les caisses du Trésor : il en fit largement usage pour combattre la crise, mais il demanda en même temps au Landtag des crédits extraordinaires afin de tenir au moins en partie les promesses faites. Le nouveau cabinet abolit l’impôt sur la farine (octroi municipal) ; ce dégrèvement dura jusqu’en 1851 ; l’abolition complète n’eut lieu qu’en 1875.

Le 4 avril 1848, Hansemann soumit au Landtag ses projets financiers : il demandait le droit de procéder à des relèvemens d’impôt ou à un emprunt pour assurer les ressources nécessaires à l’administration, au rétablissement du crédit public, et pour venir en aide au commerce et à l’industrie. La commission à laquelle les projets furent renvoyés ne voulut pas accorder des pouvoirs illimités : Hansemann se restreignit à demander l’autorisation d’emprunter 25 millions et de garantir jusqu’à 25 millions de thalers sur des avances à faire par l’Etat. Parmi les adversaires du projet, l’un des plus véhémens fut M. de Bismarck, qui était plein de prévention et d’antipathie contre le bourgeois, venu des bords du Rhin pour diriger les affaires de l’Etat, et dont la conception politique était l’abandon de toutes les idées conservatrices, auxquelles lui, Bismarck, était dévoué. L’attaque fut chaude ; Bismarck reprocha à son adversaire de voir les choses de la patrie à travers les lunettes de l’industrialisme, non pas avec les yeux de l’homme d’État qui embrasse d’un regard les intérêts généraux. La projet était tout en faveur des grandes villes, les charges retomberaient sur les petites villes et les campagnes, qui étaient sacrifiées. Bismarck se déclara disposé à