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conclut à la nécessité d’octroyer une constitution. Il insiste sur les inconvéniens d’une gestion occulte des finances de l’Etat : le budget doit être discuté publiquement. Il croit possible de faire 16 400 000 thalers d’économie dans certains départemens de l’Etat, dont 9 millions sur l’armée, il demande qu’on s’en serve pour améliorer les communications et opérer des dégrèvemens, surtout en faveur des contribuables les moins aisés. Le livre, dont la première édition avait paru sans nom d’auteur, fit sensation. Lorsque la seconde édition fut mise en vente, le nom de Hansemann, simple marchand de laine, fut presque une déception pour beaucoup de gens. Les organes libéraux en dirent du bien, les feuilles réactionnaires lui firent subir un éreintement en règle. Le professeur Dieterici, qui a été directeur du bureau prussien de statistique, combattit plusieurs des assertions de l’auteur de Prusse et France.

Le livre était fait pour déplaire aux ministres et aux bureaucrates. Au commencement de l’année 1834, un anonyme dénonça à Berlin les fonctionnaires supérieurs de Cologne et d’Aix-la-Chapelle comme complices de Hansemann, auquel ils auraient communiqué des documens confidentiels. Un policier, Schnabel, fut chargé d’une enquête : il découvrit que le livre était dû aux manœuvres d’une association, connue sous le nom de parti français, qui préparait quelque chose sur le terrain de l’impôt et qui avait décidé de se servir, comme moyen d’agitation, d’un ouvrage de statistique. Hansemann n’avait fait que prêter son nom ; Je véritable auteur était le conseiller de gouvernement, Ritz, aidé de quelques fonctionnaires, ralliés au parti français. Lorsque le ministre de l’Intérieur eut reçu le rapport de Schnabel, il demanda des explications au président Reimann, d’Aix-la-Chapelle, qui n’eut pas de peine à se disculper ainsi que ses subordonnés ; malgré cela, peu de temps après, Reimann fut remplacé par le comte d’Arnim-Boitzenburg. Hansemann fut réélu juge au tribunal de commerce, avec deux autres négocians de la ville : un arrêté royal confirma l’élection de ceux-ci, mais non pas la sienne.

La nécessité de moyens rapides et économiques de communication et de transport était comprise dans les provinces occidentales de la Prusse : dès 1825, le Westphalien F. Harkort avait fait ressortir les avantages qu’on pouvait attendre des voies ferrées ; en 1828 il avait créé une Compagnie modeste par actions — la première en Allemagne — pour construire, et exploiter