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sans qu’on souhaitât cependant le retour de l’état de choses aboli en 1815.

Hansemann avait un capital de mille thalers, provenant de ses économies, et ses proches lui avaient confié un peu d’argent. Il dut se borner d’abord à des affaires de commission, peu à peu il entreprit quelques opérations pour son compte personnel. En 1818, il eut un mouvement d’affaires s’élevant à un million de francs : au bout de cinq ans, il avait une fortune de cent mille francs. En 1821, il épousa Fanny Fremerey, fille d’un fabricant d’Eupen, qui descendait des huguenots expatriés. Sa maison devint vite un lieu de réunion pour les hommes intelligens et libéraux ; parmi ses amis les plus intimes, figurait Aders, chef de la maison J. H. Brink, d’Elberfeld, qui a rendu, comme bourgmestre, de signalés services et qui, malgré de grosses pertes résultant de la confiscation de marchandises anglaises en 1813, facilita la conclusion de l’emprunt décrété par Blücher en 1815. Aders était un libéral, qui, dès 1820, demandait la liberté des échanges, sans représailles ni guerre de tarif. Hansemann était moins avancé que son ami, il s’en tenait au tarif prussien de 1818, en demandant l’abolition des douanes intérieures. Aders et Hansemann engagèrent une polémique dans la revue Rheinisch Westfalischer Anzeiger, polémique qui eut un certain retentissement.

La première entreprise d’intérêt général, créée par David Hansemann, est la Compagnie d’assurances d’Aix-la-Chapelle, qui obtint la sanction royale en 1825. Une des originalités de la fondation consista dans l’attribution de la moitié des bénéfices à une institution philanthropique, qui s’appelait « Association pour favoriser le développement du travail. » Au bout des dix premières années d’exercice, le capital assuré s’éleva à 116 millions de thalers. Le dividende des actionnaires et le bénéfice attribué à l’Association ne commencèrent à devenir disponibles qu’en 1834, lorsque le fonds de réserve eut atteint 200 000 thalers. La somme dépensée pour l’institution philanthropique jusqu’en 1899 dépasse trente millions de marks ; c’est avec 1 400 000 marks, provenant de cette source, qu’a pu être établie en 1870 l’école technique supérieure d’Aix-la-Chapelle. Hansemann a fait partie de la direction, comme président, vice-président ou membre, jusqu’en 1848. A côté des progrès de l’enseignement professionnel, Aix-la-Chapelle doit à Hansemann et à l’institution